#MarseilleFraternelle

C'est en 2018 que se rencontrent Ramy, alors âgé de 18 ans, et Patrice, entrepreneur, lors d'une rencontre organisée dans les quartiers Nord de Marseille sur le thème de l'emploi par Marseille Solutions. Ramy, "étudiant mais pas trop", comme il se définissait à l'époque, tient alors des propos qui interpellent Patrice.

"Je vois ce que c'est de ne pas avoir le bon accent, de ne pas venir du bon endroit", raconte l'entrepreneur, troisième génération de Corses immigrés en France. "Pour moi, la fraternité est un chemin qui se fait à deux, et Ramy a déjà effectué un trajet énorme : c'est un élève brillant, amoureux de la France : il a fait sa part du chemin."

"Les Numéros 10", pour faire la passe et marquer

De cette rencontre est née l'intuition de créer ensemble une association : "les Numéros 10". Son ambition : mettre en relation des jeunes des quartiers Nord de Marseille et des "personnes issues de l'autre côté de la Canebière", comme le précise Ramy : entrepreneurs, députés, avocats, ingénieurs... Le but : que ces experts transmettent aux jeunes codes, réseaux, compétences et connaissances.

"On a choisi l'image du numéro 10 en écho à Zinédine Zidane", précise Ramy, "c'est quelqu'un de talentueux, prêt à donner pour son équipe et surtout, qui fait marquer les autres". Depuis la création de l'association, quinze jeunes sont désormais des "numéros 10" dans les quartiers Nord.

Un exemple pour tous les jeunes

Désormais étudiant en école de commerce, avec l'ambition de s'orienter vers le conseil en stratégie, Ramy exprime sa gratitude auprès de son mentor : "ça donne envie de se montrer à la hauteur, je me sens responsable de toutes les ambitions qu'ont les personnes qui me rencontrent et qui me font confiance".

Pour Patrice, son souhait pour l'avenir n'est pas seulement "que Ramy et les autres "Numéros 10" deviennent des exemples pour les jeunes des quartiers Nord, mais aussi pour tous les jeunes de France".

70 années les séparent. Mais un quotidien partagé les rapproche chaque jour : entre Mahaut, étudiante de 21 ans en alternance à Simon de Cyrène, et le couple Besse, "ça a matché tout de suite", confient-ils de concert.

Grâce à l'association Ensemble 2 Générations, Mahaut a pu trouver un logement à moindre frais en arrivant à Marseille. De fait : elle dispose d'un logement gratuit et mitoyen des Besse contre services. De leur côté, le couple de seniors cherchait une présence rassurante la nuit, condition d'un maintien à domicile.

Combler deux solitudes

Dans le "contrat" de cohabitation intergénérationnelle d'un an, Mahaut s'engage à passer voir les Besse tous les jours après ses cours, et dîner un soir par semaine avec eux. Lors de ces moments privilégiés, elle prend des nouvelles, mais elle accompagne aussi Marie-Claude Besse pour des courses et bénéficie de ses conseils mode, toujours avisés !

Pour le couple de seniors, c'est une bouffée de jeunesse quotidienne. Pour Mahaut, fraîchement arrivée à Marseille, ce sont des moments forts où elle peut collecter un "héritage de valeurs de nos aînés", comme elle le décrit. "Ce sont des moments où le temps s'arrête, ça permet de se recentrer sur la relation humaine", poursuit la jeune étudiante, pour qui cette expérience a confirmé l'orientation dans le domaine social.

Une "ambiance de famille"

Selon l'étudiante qui poursuit sa formation à Paris, impossible de couper les liens avec les Besse. "On s'appellera et quand je passerai sur Marseille je viendrai dîner avec vous", promet-elle. Côté Besse, le couple compte bien poursuivre l'aventure l'année prochaine, "avec une Mahaut bis", espère Jean-Marie.

Grâce à cette "ambiance de famille" dépeinte par Marie-Claude, Mahaut déclare avoir "gagné une nouvelle paire de grand-parents", et les Besse, "une enfant en plus".

"Quand la vie bascule et qu'on perd tout d'un seul coup, il faut faire un choix : soit se battre, soit se laisser aller. Pour moi, c'était hors de question de me laisser aller", déclare Aminata, victime d'un AVC à 27 ans. Pour se reconstruire, elle a choisi d'habiter dans une colocation Simon de Cyrène, où valides et invalides vivent ensemble, surmontant les barrières du handicap.

"Malgré ce qui t'est arrivé, tu as réussi à reprendre le dessus : tu as une force et une joie de vivre dont nous sommes tous admiratifs", témoigne Ombeline, assistante externe à Simon de Cyrène, qui partage le quotidien d'Aminata depuis un an. Ensemble, elles préparent les repas, participent à des jeux ou encore à des sorties dans Marseille. Et chaque journée commence par un moment sacré pour Aminata : le réveil. "Elle avait du mal à se réveiller le matin, alors on a trouvé la solution : on la réveille avec Maître Gims", raconte Ombeline. "C'est mon rayon de soleil du matin", répond Aminata, "je danse sous ma couette et je me lève en ayant le sourire, pressée de rejoindre les autres dans la salle commune".

Deux soeurs, une famille

Grâce à la bienveillance, la patience et l'écoute d'Ombeline, les deux femmes se sont rapprochées, jusqu'à parfois sortir en dehors des horaires de travail. "Ce n'est plus seulement une assistante, c'est une soeur", affirme Aminata, "je me suis retrouvée malade en France sans famille, maintenant j'ai une soeur sur qui je peux compter."

Pour l'avenir, Aminata souhaite "retrouver une autonomie et surpasser la maladie" en retrouvant un emploi et un logement seule. "Même si je pars, je reviendrais pour participer aux activités et rendre visite à ma famille Simon de Cyrène".

Un autre projet pour créer du lien et faire du bien autour de soi, c'est La Cagnotte des Proches, que vous pourrez découvrir ici.