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La Fontaine & Cie

La Fontaine & Cie

By Alexis MILCENT

Avec La Fontaine & Cie, nous construisons des ponts entre la littérature et les mondes de l'entreprise. L'objectif ? Tenter de découvrir, chez les grands écrivains, des clés et des solutions pour nos entreprises aujourd'hui. Je m'essaie donc à une lecture business des Fables de La Fontaine, de Descartes, de Saint Ex et tous leurs amis. Une lecture souvent décalée, espiègle mais qui permet de poser de bonnes questions. A chacun d'entre nous d'y apporter nos propres réponses dans nos actes au quotidien. La Fontaine & Cie : pour plus d'Humanités en Entreprise.
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Le Berger et son troupeau - - Lecture seule - Jean de La Fontaine

La Fontaine & CieJun 23, 2021

00:00
01:23
S2E11 - Le langage, une ressource stratégique de l'entreprise ? Le SWOT de Molière (Monsieur de Pourceaugnac)
Jan 21, 202239:29
S2E10 - Comment se faire un atout de la culture d'entreprise ? Les conseils de Marcel Proust (Extrait de "Du côté de chez Swann")
Dec 04, 202137:39
#S2E9 - Comment tenir quand ça tangue ? Les conseils de Jean de La Fontaine (Le Berger et la Mer - IV;2)

#S2E9 - Comment tenir quand ça tangue ? Les conseils de Jean de La Fontaine (Le Berger et la Mer - IV;2)

Dans Le Berger et la Mer, La Fontaine dresse différents profils d'investisseurs et d'entrepreneurs. 

Il nous alerte sur un monde de risques et donc d'opportunités.

Pour surfer sur ces circonstances et en tirer le meilleur, il positionne son Berger comme un modèle à suivre : en cas d'échec, apprendre à se relancer et apprendre de ses erreurs. Mais La Fontaine veut aussi nous aider à ne pas tomber. Et pour cela, il a sa botte secrète... Face à la mer déchaînée, rien ne vaut un bon vieux roc bien solide...

Le Berger et la Mer

Livre IV, fable 2 - les octosyllabes sont en italique.

Du rapport d’un troupeau, dont il vivait sans soins
Se contenta longtemps un voisin d’Amphitrite.
Si sa fortune était petite,
Elle était sûre tout au moins.

À la fin les trésors déchargés sur la plage,
Le tentèrent si bien qu’il vendit son troupeau,
Trafiqua de l’argent, le mit entier sur l’eau
Cet argent périt par naufrage.
Son maître fut réduit à garder les Brebis
Non plus Berger en chef comme il était jadis,
Quand ses propres Moutons paissaient sur le rivage
Celui qui s’était vu Coridon ou Tircis,
Fut Pierrot et rien davantage.
Au bout de quelque temps il fit quelques profits
Racheta des bêtes à laine ;
Et comme un jour les vents retenant leur haleine,
Laissaient paisiblement aborder les vaisseaux
"Vous voulez de l’argent, ô Mesdames les Eaux,
Dit-il, adressez-vous, je vous prie, à quelqu’autre :
Ma foi vous n’aurez pas le nôtre."

Ceci n’est pas un conte à plaisir inventé.
Je me sers de la vérité
Pour montrer par expérience,
Qu’un sou quand il est assuré,
Vaut mieux que cinq en espérance ;

Qu’il se faut contenter de sa condition
Qu’aux conseils de la Mer et de l’Ambition
Nous devons fermer les oreilles.
Pour un qui s’en louera, dix mille s’en plaindront.
La Mer promet monts et merveilles :
Fiez-vous-y, les vents et les voleurs viendront.

Nov 21, 202127:24
#S2E8 - Pourquoi travailler sa concentration ? les conseils de Victor Hugo (Notre Dame de Paris - VII;1)

#S2E8 - Pourquoi travailler sa concentration ? les conseils de Victor Hugo (Notre Dame de Paris - VII;1)

Si je compte bien, je devrais le matin consulter 3 boîtes mail (une perso, deux pro), Slack (pro), WhatsApp (perso / associatif), Telegram (associatif), LinkedIn (messages entrants)... Autant dire que la concentration n'est pas gagnée.

Victor Hugo vient nous éclairer sur l'importance de la focalisation, moins en termes de tâches que d'état d'esprit.

Dans cet extrait, le soleil prend le statut de rôle-modèle et le texte lui-même observe un mouvement de concentration depuis "plusieurs semaines" jusqu'à "cette heure-là".

Dès lors Victor Hugo identifie trois bénéfices à cet exercice de concentration pour notre quotidien en entreprise.

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Notre Dame de Paris

Livre Septième, Chapitre I Du danger de confier son secret à une chèvre.

"Plusieurs semaines s'étaient écoulées.

On était aux premiers jours de mars. Le soleil, que Dubartas, ce classique ancêtre de la périphrase, n'avait pas encore nommé le grand-duc des chandelles, n'en était pas moins joyeux et rayonnant pour cela. C'était une de ces journées de printemps qui ont tant de douceur et de beauté que tout Paris, répandu dans les places et les promenades, les fête comme des dimanches. Dans ces jours de clarté, de chaleur et de sérénité, il y a une certaine heure surtout où il faut admirer le portail de Notre-Dame. C'est le moment où le soleil, déjà incliné vers le couchant, regarde presque en face la cathédrale. Ses rayons, de plus en plus horizontaux, se retirent lentement du pavé de la place, et remontent le long de la façade à pic dont ils font saillir les mille rondes-bosses sur leur ombre, tandis que la grande rose centrale flamboie comme un œil de cyclope enflammé des réverbérations de la forge.

On était à cette heure-là."

Nov 12, 202127:47
#S2E7 - Comment changer le changement climatique ? les conseils de Jean de La Fontaine (Le Loup et les Bergers - X;5)

#S2E7 - Comment changer le changement climatique ? les conseils de Jean de La Fontaine (Le Loup et les Bergers - X;5)

Publiée à l'orée de la COP26 à Glasgow, cette lecture business prend le prisme du changement climatique.

Que nous dit La Fontaine sur l'appréhension du sujet Climat en entreprise ?

Il aborde tour à tour :

- la définition d'objectifs Climat par nos organisations, et leur structuration en amont et en aval

- le triangle de l'indécision (politique / entreprise / particuliers)

- le phénomène des inégalités, causes et conséquences du changement climatique

- la posture de vulnérabilité indissociable de celle du leader face au changement climatique

- et plus généralement la source d'inspiration que représente la poésie, comme modèle de création de richesse à partir d'un jeu de limites.

On cite l'épisode 6 de la saison 1 : L'Hirondelle et les petits oiseaux.

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Le Loup et les Bergers

Fable 5, Livre X.

Un Loup rempli d'humanité
(S'il en est de tels dans le monde)
Fit un jour sur sa cruauté,
Quoiqu'il ne l'exerçât que par nécessité,
Une réflexion profonde.
Je suis haï, dit-il, et de qui ? De chacun.
Le Loup est l'ennemi commun :
Chiens, chasseurs, villageois, s'assemblent pour sa perte.
Jupiter est là-haut étourdi de leurs cris ;
C'est par là que de loups l'Angleterre est déserte : 
On y mit notre tête à prix.
Il n'est hobereau qui ne fasse
Contre nous tels bans publier ;
Il n'est marmot osant crier
Que du Loup aussitôt sa mère ne menace.
Le tout pour un Âne rogneux, 
Pour un Mouton pourri, pour quelque Chien hargneux,
Dont j'aurai passé mon envie.
Et bien, ne mangeons plus de chose ayant eu vie ;
Paissons l'herbe, broutons ; mourons de faim plutôt.
Est-ce une chose si cruelle ?
Vaut-il mieux s'attirer la haine universelle ?
Disant ces mots il vit des Bergers pour leur rôt
Mangeants un agneau cuit en broche.
Oh, oh, dit-il, je me reproche
Le sang de cette gent. Voilà ses Gardiens
S'en repaissants eux et leurs Chiens ;
Et moi, Loup, j'en ferai scrupule ?
Non, par tous les Dieux. Non. Je serais ridicule.
Thibaut l'Agnelet passera
Sans qu'à la broche je le mette ;
Et non seulement lui, mais la mère qu'il tette,
Et le père qui l'engendra.
Ce Loup avait raison. Est-il dit qu'on nous voie
Faire festin de toute proie,
Manger les animaux, et nous les réduirons
Aux mets de l'âge d'or autant que nous pourrons ?
Ils n'auront ni croc ni marmite ?
Bergers, bergers, le loup n'a tort
Que quand il n'est pas le plus fort :
Voulez-vous qu'il vive en ermite ?

Oct 30, 202130:56
#S2E6 - Comment gérer des projets - les conseils d'Arthur Rimbaud (Aube)

#S2E6 - Comment gérer des projets - les conseils d'Arthur Rimbaud (Aube)

Il est saisissant de constater que Rimbaud décrit dans ce texte par le menu la méthode projet dite en "cascade" ("Waterfall Method" en anglais où l'on retrouvera le wasserfall du poème).

Pour autant, Rimbaud apporte deux nuances de taille qui doivent inspirer les projets en mode Waterfall :

  • en chassant l'aube, il suggère qu'il y a là un mouvement quotidienqui nous amène à des méthodes de type Agile.
  • son action part du sol (les "camps d'ombres", "les haleines vives et tièdes", "les pierreries", "le sentier") et s'élève progressivement ("la cime argentée", "les clochers et les dômes"...). On a donc une démarche bottom-up, et tant mieux puisque "rien ne bougeait encore au front des palais". Et dans cette écoute des signaux faibles, il y a un peu d'une méthode de type Effectuation.

Mais il y a encore plus à découvrir dans le texte pour nos quotidiens en entreprise, notamment sur l'engagement des parties prenantes au projet.

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AUBE

J’ai embrassé l’aube d’été.

Rien ne bougeait encore au front des palais. L’eau était morte. Les camps d’ombres ne quittaient pas la route du bois. J’ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries regardèrent, et les ailes se levèrent sans bruit.

La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom.

Je ris au wasserfall blond qui s’échevela à travers les sapins : à la cime argentée je reconnus la déesse.

Alors je levai un à un les voiles. Dans l’allée, en agitant les bras. Par la plaine, où je l’ai dénoncée au coq. A la grand’ville elle fuyait parmi les clochers et les dômes, et courant comme un mendiant sur les quais de marbre, je la chassais.

En haut de la route, près d’un bois de lauriers, je l’ai entourée avec ses voiles amassés, et j’ai senti un peuson immense corps. L’aube et l’enfant tombèrent au bas du bois.

Au réveil il était midi.

Arthur Rimbaud, Après le déluge

Oct 22, 202127:52
#S2E5 - Comment gérer la prise de poste - les conseils de Jean de La Fontaine (L'Aigle et la Pie)

#S2E5 - Comment gérer la prise de poste - les conseils de Jean de La Fontaine (L'Aigle et la Pie)

Dans une nouvelle fulgurance, La Fontaine anticipe un modèle de management formalisé 300 ans plus tard par Laurence J. Peter.

Le Principe de Peter explique que chacun, dans une organisation hiérarchique, finit hélas par atteindre son niveau d'incompétence. En effet, qui fait un succès sur son poste est promu. Si l'on fait à nouveau un succès, on est à nouveau promu. Et ainsi de suite, jusqu'à ce que le succès ne soit plus au rendez-vous par manque de compétences : on stagne alors, nous dit L. J. Peter, en "lévitation" dans le "sommet volant" tel l'Aigle et la Pie planant dans les airs...

Ce à quoi nous invite La Fontaine ici, c'est de cultiver une prise de conscience personnelle, une prise de recul pour construire notre ancrage et notre assise :

  • ainsi nous ne serons pas pris au dépourvu comme la Pie lors de rencontres fortuites avec les big bosses,
  • ainsi nous saurons gérer l'évaluation constante qui reste le propre de nos organisations,
  • ainsi nous aurons la force de caractère pour faire de nos équipes de direction non pas le lieu de l'évaluation des personnes mais celui de leur élévation (#aigle).

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L'Aigle et la Pie - Livre XI, fable 11 - Jean de La Fontaine.


L’Aigle, Reine des airs, avec Margot la Pie,

Différentes d’humeur, de langage et d’esprit,

Et d’habit,

Traversaient un bout de prairie.

Le hasard les assemble en un coin détourné.

L’Agasse eut peur ; mais l’Aigle, ayant fort bien dîné,

La rassure, et lui dit : Allons de compagnie.

Si le Maître des Dieux assez souvent s’ennuie,

Lui qui gouverne l’univers,

J’en puis bien faire autant, moi qu’on sait qui le sers.

Entretenez-moi donc, et sans cérémonie.

Caquet Bon-Bec alors de jaser au plus dru,

Sur ceci, sur cela, sur tout. L’homme d’Horace,

Disant le bien, le mal à travers champs, n’eût su

Ce qu’en fait de babil y savait notre Agasse.

Elle offre d’avertir de tout ce qui se passe,

Sautant, allant de place en place,

Bon espion, Dieu sait. Son offre ayant déplu,

L’Aigle lui dit tout en colère :

Ne quittez point votre séjour,

Caquet Bon-Bec, ma mie : adieu ; je n’ai que faire

D’une babillarde à ma cour ;

C’est un fort méchant caractère.

Margot ne demandait pas mieux.

Ce n’est pas ce qu’on croit, que d’entrer chez les Dieux ;

Cet honneur a souvent de mortelles angoisses.

Rediseurs, Espions, gens à l’air gracieux,

Au cœur tout différent, s’y rendent odieux,

Quoique ainsi que la Pie il faille dans ces lieux

Porter habit de deux paroisses.

Oct 17, 202122:18
#S2E4 - Comment entreprendre ? - Les conseils de Balzac (La Duchesse de Langeais)
Oct 14, 202122:15
#S2E3 - Le pouvoir du point de vue - Les conseils de George Sand (Le Docteur Piffoël)

#S2E3 - Le pouvoir du point de vue - Les conseils de George Sand (Le Docteur Piffoël)

Un texte complètement barré pour cet épisode de La Fontaine & Cie.

George Sand fait son entrée dans notre académie de coaches professionnels avec un extrait de son journal intime, Les Entretiens journaliers avec le très docte et très habile Docteur Piffoël.

La lecture business d'un tel texte tenant de l'autobiographie onirique n'est pas aisée : qu'est-ce qu'un texte de méditation au réveil peut bien nous apporter pour notre vie professionnelle ?

Pourtant, par le thème omniprésent de la perception, George Sand vient nous donner quelques bons conseils pro sur le point de vue :

- notre point de vue sur les choses et les situations

- notre posture face aux outils de restitution de ces situations (en gros les reportings)

- notre point de vue sur autrui

- notre point de vue sur nous-même.

Et finalement, George Sand vient nous illustrer tout le pouvoir du point de vue.

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"MIDI

3 juin.

Jour magnifique. Soleil splendide, règne de la couleur.

Trois grands tilleuls dont je vois de mon lit les cimes touffues sont le miroir où je consulte le temps en m’éveillant. Leur vaste rideau de feuillage et un peu de ciel, c’est tout ce que je vois de là, mais cela suffit à me faire savoir le degré de l’atmosphère avant que la fenêtre soit ouverte. J’y ai observé des effets de vent qui sont encore inexplicables pour moi et qui me feraient croire à l'existence des Esprits de l’air, comme à celle d’êtres fort capricieux. Je vois aussi, dans la teinte de leur belle verdure, l’intimité des rayons du jour à travers une atmosphère plus ou moins pure. Aujourd’hui la lumière est si vive que malgré le vent printanier on ne voit que le noir des ombres et l’or des rayons sur la feuillée.

Tu vis. La question n’est pas de savoir si c’est pour ton plaisir ou pour ton malheur, pour ton bien ou pour ta perte. Qui la résoudrait ? Tu vis, tu respires. Le ciel est beau.

La chambre d’Arabella est au rez-de-chaussée sous la mienne. Là est le beau piano de Franz (Liszt), au-dessous de la fenêtre d’où le rideau de verdure des tilleuls m’apparaît, la fenêtre d’où partent ces sons que l’Univers voudrait entendre, et qui ne font ici de jaloux que les rossignols.

Artiste puissant, sublime dans les grandes choses, toujours supérieur dans les petites. Triste pourtant et rongé d’une plaie secrète. Homme heureux, aimé d’une femme belle, généreuse, intelligente et chaste. Que te faut-il, misérable ingrat ! Ah, si j’étais aimé, moi !

Si tu étais aimé. Piffoël, tu serais ambitieux, et tu n’es pas ambitieux parce que tu n’es pas aimé.

Tu es très sage, Piffoël, extrêmement sage. Tu es très philosophe. Tu jettes un coup d’œil très lucide sur ta vie, tu pèses d’une main très ferme tous ces misérables hochets dont tu ne sais pas être avide. Je t’en fais bien mon compliment, cher Piffoël.

Je t'en félicite, en vérité !"

George Sand, Entretiens journaliers avec le très docte et très habile Docteur Piffoël.

Oct 07, 202129:51
Le Lion et le Chasseur (VI,2) - Jean de La Fontaine - Lecture seule

Le Lion et le Chasseur (VI,2) - Jean de La Fontaine - Lecture seule

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Le Lion et le Chasseur, Jean de La Fontaine

Livre VI, Fable 2.

Un Fanfaron amateur de la Chasse,
Venant de perdre un Chien de bonne race,
Qu’il soupçonnait dans le corps d’un Lion,
Vit un Berger : « Enseigne-moi de grâce,
De mon voleur, lui dit-il, la maison,
Que de ce pas je me fasse raison. »
Le Berger dit : « C’est vers cette montagne.
En lui payant de tribut un Mouton
Par chaque mois, j’erre dans la campagne
Comme il me plaît, et je suis en repos. »
Dans le moment qu’ils tenaient ces propos,
Le Lion sort et vient d’un pas agile.
Le Fanfaron aussitôt d’esquiver.
« Ô Jupiter, montre-moi quelque asile,
S’écria-t-il, qui me puisse sauver. »

La vraie épreuve de courage
N’est que dans le danger que l’on touche du doigt.
Tel le cherchait, dit-il, qui changeant de langage,
S’enfuit aussitôt qu’il le voit.

Sep 30, 202100:53
La Duchesse de Langeais - Incipit - H. de Balzac - Lecture seule

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La Duchesse de Langeais, Honoré de Balzac

Il existe dans une ville espagnole située sur une île de la Méditerranée, un couvent de Carmélites Déchaussées où la règle de l’Ordre institué par sainte Thérèse s’est conservée dans la rigueur primitive de la réformation due à cette illustre femme. Ce fait est vrai, quelque extraordinaire qu’il puisse paraître. Quoique les maisons religieuses de la Péninsule et celles du Continent aient été presque toutes détruites ou bouleversées par les éclats de la révolution française et des guerres napoléoniennes, cette île ayant été constamment protégée par la marine anglaise, son riche couvent et ses paisibles habitants se trouvèrent à l’abri des troubles et des spoliations générales. Les tempêtes de tout genre qui agitèrent les quinze premières années du dix- neuvième siècle se brisèrent donc devant ce rocher, peu distant des côtes de l’Andalousie. Si le nom de l’Empereur vint bruire jusque sur cette plage, il est douteux que son fantastique cortège de gloire et les flamboyantes majestés de sa vie météorique aient été comprises par les saintes filles agenouillées dans ce cloître. Une rigidité conventuelle que rien n’avait altérée recommandait cet asile dans toutes les mémoires du monde catholique. Aussi, la pureté de sa règle y attira-t-elle, des points les plus éloignés de l’Europe, de tristes femmes dont l’âme, dépouillée de tous liens humains, soupirait après ce long suicide accompli dans le sein de Dieu. Nul couvent n’était d’ailleurs plus favorable au détachement complet des choses d’ici-bas, exigé par la vie religieuse. Cependant, il se voit sur le Continent un grand nombre de ces maisons magnifiquement bâties au gré de leur destination. Quelques-unes sont ensevelies au fond des vallées les plus solitaires ; d’autres suspendues au-dessus des montagnes les plus escarpées, ou jetées au bord des précipices ; partout l’homme a cherché les poésies de l’infini, la solennelle horreur du silence ; partout il a voulu se mettre au plus près de Dieu : il l’a quêté sur les cimes, au fond des abîmes, au bord des falaises, et l’a trouvé partout. Mais nulle autre part que sur ce rocher à demi européen, africain à demi, ne pouvaient se rencontrer autant d’harmonies différentes qui toutes concourussent à si bien élever l’âme, à en égaliser les impressions les plus douloureuses, à en attiédir les plus vives, à faire aux peines de la vie un lit profond. Ce monastère a été construit à l’extrémité de l’île, au point culminant du rocher, qui, par un effet de la grande révolution du globe, est cassé net du côté de la mer, où, sur tous les points, il présente les vives arêtes de ses tables légèrement rongées à la hauteur de l’eau, mais infranchissables. Ce roc est protégé de toute atteinte par des écueils dangereux qui se prolongent au loin, et dans lesquels se joue le flot brillant de la Méditerranée. Il faut donc être en mer pour apercevoir les quatre corps du bâtiment carré dont la forme, la hauteur, les ouvertures ont été minutieusement prescrites par les lois monastiques. Du côté de la ville, l’église masque entièrement les solides constructions du cloître, dont les toits sont couverts de larges dalles qui les rendent invulnérables aux coups de vent, aux orages et à l’action du soleil. L’église, due aux libéralités d’une famille espagnole, couronne la ville. La façade hardie, élégante, donne une grande et belle physionomie à cette petite cité maritime. N’est-ce pas un spectacle empreint de toutes nos sublimités terrestres que l’aspect d’une ville dont les toits pressés, presque tous disposés en amphithéâtre devant un joli port, sont surmontés d’un magnifique portail à triglyphe gothique, à campaniles, à tours menues, à flèches découpées ? (...)


Sep 22, 202104:53
#S2E2 - La bienveillance dilatée - Les conseils de Jean de La Fontaine (Le Satyre et le Passant)

#S2E2 - La bienveillance dilatée - Les conseils de Jean de La Fontaine (Le Satyre et le Passant)

La bienveillance en entreprise... voilà un leitmotiv désormais décrié. 

Comment donner le primat à une considération positive entre les personnes sans tomber dans une nunucherie facile ? 

Comment fonder des principes d'actions sans être lénifiant ?

La Fontaine nous donne sa définition de la bienveillance, fondée sur une empathie robuste et réelle : un principe actif qui s'étend, qui se dilate et qui prend une toute autre dimension.

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Le Satyre et le Passant
Livre V, fable 7

Au fond d’un antre sauvage,
Un Satyre et ses enfants
Allaient manger leur potage
Et prendre l’écuelle aux dents.

On les eût vus sur la mousse
Lui, sa femme, et maint petit :
Ils n’avaient tapis ni housse,
Mais tous fort bon appétit.

Pour se sauver de la pluie,
Entre un Passant morfondu.
Au brouet on le convie :
Il n’était pas attendu.

Son hôte n’eut pas la peine
De le semondre deux fois.
D’abord avec son haleine
Il se réchauffe les doigts ;

Puis sur le mets qu’on lui donne,
Délicat, il souffle aussi.
Le Satyre s’en étonne :
« Notre hôte, à quoi bon ceci ?

– L’un refroidit mon potage ;
L’autre réchauffe ma main.
– Vous pouvez, dit le Sauvage,
Reprendre votre chemin.

Ne plaise aux Dieux que je couche
Avec vous sous même toit !
Arrière ceux dont la bouche
Souffle le chaud et le froid !

Sep 21, 202121:22
#S2.E1 : Évaluer - Les conseils de Jean de La Fontaine (Le Loup et le Renard)

#S2.E1 : Évaluer - Les conseils de Jean de La Fontaine (Le Loup et le Renard)

Dans Le Loup et le Renard (XI, 6), Jean de La Fontaine revient sur l'évaluation, comme une modalité constante de notre commerce quotidien.

Il nous alerte sur les dysfonctionnements de cette boussole à l'origine de nos actions et identifie deux biais cognitifs : la peur et le désir.

Un magnifique exemple de "parole performative" : la fable nous fait vivre une expérience concrète, qui en renforce l'apprentissage.

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Le Loup et le Renard
Livre XI, fable 6

Mais d'où vient qu'au Renard Ésope accorde un point,
C'est d'exceller en tours pleins de matoiserie ?
J'en cherche la raison, et ne la trouve point.
Quand le Loup a besoin de défendre sa vie,
Ou d'attaquer celle d'autrui,
N'en sait-il pas autant que lui ?
Je crois qu'il en sait plus ; et j'oserais peut-être
Avec quelque raison contredire mon maître.
Voici pourtant un cas où tout l'honneur échut
A l'hôte des terriers. Un soir il aperçut
La Lune au fond d'un puits : l'orbiculaire image
Lui parut un ample fromage.
Deux seaux alternativement
Puisaient le liquide élément.
Notre Renard, pressé par une faim canine, 
S'accommode en celui qu'au haut de la machine
L'autre seau tenait suspendu.
Voilà l'animal descendu,
Tiré d'erreur, mais fort en peine,
Et voyant sa perte prochaine.
Car comment remonter, si quelque autre affamé,
De la même image charmé,
Et succédant à sa misère,
Par le même chemin ne le tirait d'affaire ?
Deux jours s'étaient passés sans qu'aucun vînt au puits ;
Le temps qui toujours marche avait pendant deux nuits
Echancré selon l'ordinaire
De l'astre au front d'argent la face circulaire.
Sire Renard était désespéré.
Compère Loup, le gosier altéré,
Passe par là ; l'autre dit : Camarade,
Je veux vous régaler ; voyez-vous cet objet ?
C'est un fromage exquis. Le Dieu Faune l'a fait,
La vache Io donna le lait.
Jupiter, s'il était malade,
Reprendrait l'appétit en tâtant d'un tel mets.
J'en ai mangé cette échancrure,
Le reste vous sera suffisante pâture.
Descendez dans un seau que j'ai mis là exprès.
Bien qu'au moins mal qu'il pût il ajustât l'histoire,
Le Loup fut un sot de le croire.
Il descend, et son poids, emportant l'autre part,
Reguinde en haut maître Renard.

Ne nous en moquons point : nous nous laissons séduire
Sur aussi peu de fondement ;
Et chacun croit fort aisément
Ce qu'il craint et ce qu'il désire.

Sep 17, 202130:12
Le Loup et le Renard - Jean de La Fontaine - Lecture seule

Le Loup et le Renard - Jean de La Fontaine - Lecture seule

Le Loup et le Renard - Jean de La Fontaine

Livre XI, Fable 6


Mais d'où vient qu'au Renard Ésope accorde un point,
C'est d'exceller en tours pleins de matoiserie ?
J'en cherche la raison, et ne la trouve point.
Quand le Loup a besoin de défendre sa vie,
Ou d'attaquer celle d'autrui,
N'en sait-il pas autant que lui ?
Je crois qu'il en sait plus ; et j'oserais peut-être
Avec quelque raison contredire mon maître.
Voici pourtant un cas où tout l'honneur échut
A l'hôte des terriers. Un soir il aperçut
La Lune au fond d'un puits : l'orbiculaire image
Lui parut un ample fromage.
Deux seaux alternativement
Puisaient le liquide élément.
Notre Renard, pressé par une faim canine, 
S'accommode en celui qu'au haut de la machine
L'autre seau tenait suspendu.
Voilà l'animal descendu,
Tiré d'erreur, mais fort en peine,
Et voyant sa perte prochaine.
Car comment remonter, si quelque autre affamé,
De la même image charmé,
Et succédant à sa misère,
Par le même chemin ne le tirait d'affaire ?
Deux jours s'étaient passés sans qu'aucun vînt au puits ;
Le temps qui toujours marche avait pendant deux nuits
Echancré selon l'ordinaire
De l'astre au front d'argent la face circulaire.
Sire Renard était désespéré.
Compère Loup, le gosier altéré,
Passe par là ; l'autre dit : Camarade,
Je veux vous régaler ; voyez-vous cet objet ?
C'est un fromage exquis. Le Dieu Faune l'a fait,
La vache Io donna le lait.
Jupiter, s'il était malade,
Reprendrait l'appétit en tâtant d'un tel mets.
J'en ai mangé cette échancrure,
Le reste vous sera suffisante pâture.
Descendez dans un seau que j'ai mis là exprès.
Bien qu'au moins mal qu'il pût il ajustât l'histoire,
Le Loup fut un sot de le croire.
Il descend, et son poids, emportant l'autre part,
Reguinde en haut maître Renard.

Ne nous en moquons point : nous nous laissons séduire
Sur aussi peu de fondement ;
Et chacun croit fort aisément
Ce qu'il craint et ce qu'il désire.

Sep 15, 202102:19
Le Satyre et le Passant - Jean de La Fontaine - Lecture seule

Le Satyre et le Passant - Jean de La Fontaine - Lecture seule

Le Satyre et le Passant
Livre V, fable 7

Au fond d’un antre sauvage,
Un Satyre et ses enfants
Allaient manger leur potage
Et prendre l’écuelle aux dents.

On les eût vus sur la mousse
Lui, sa femme, et maint petit :
Ils n’avaient tapis ni housse,
Mais tous fort bon appétit.

Pour se sauver de la pluie,
Entre un Passant morfondu.
Au brouet on le convie :
Il n’était pas attendu.

Son hôte n’eut pas la peine
De le semondre deux fois.
D’abord avec son haleine
Il se réchauffe les doigts ;

Puis sur le mets qu’on lui donne,
Délicat, il souffle aussi.
Le Satyre s’en étonne :
« Notre hôte, à quoi bon ceci ?

– L’un refroidit mon potage ;
L’autre réchauffe ma main.
– Vous pouvez, dit le Sauvage,
Reprendre votre chemin.

Ne plaise aux Dieux que je couche
Avec vous sous même toit !
Arrière ceux dont la bouche
Souffle le chaud et le froid !

Sep 02, 202101:02
Le Lion, le Loup et le Renard - Lecture seule - Jean de La Fontaine

Le Lion, le Loup et le Renard - Lecture seule - Jean de La Fontaine

Le Lion, le Loup et le Renard, de Jean de La Fontaine

Livre VIII, Fable 3

Un Lion décrépit, goutteux, n'en pouvant plus,
Voulait que l'on trouvât remède à la vieillesse :
Alléguer l'impossible aux Rois, c'est un abus.
Celui-ci parmi chaque espèce
Manda des Médecins ; il en est de tous arts :
Médecins au Lion viennent de toutes parts ;
De tous côtés lui vient des donneurs de recettes.
Dans les visites qui sont faites,
Le Renard se dispense, et se tient clos et coi.
Le Loup en fait sa cour, daube au coucher du Roi
Son camarade absent ; le Prince tout à l'heure
Veut qu'on aille enfumer Renard dans sa demeure,
Qu'on le fasse venir. Il vient, est présenté ;
Et, sachant que le Loup lui faisait cette affaire :
Je crains, Sire, dit-il, qu'un rapport peu sincère,
Ne m'ait à mépris imputé
D'avoir différé cet hommage ;
Mais j'étais en pèlerinage ;
Et m'acquittais d'un voeu fait pour votre santé.
Même j'ai vu dans mon voyage
Gens experts et savants ; leur ai dit la langueur
Dont votre Majesté craint à bon droit la suite.
Vous ne manquez que de chaleur :
Le long âge en vous l'a détruite :
D'un Loup écorché vif appliquez-vous la peau
Toute chaude et toute fumante ;
Le secret sans doute en est beau
Pour la nature défaillante.
Messire Loup vous servira,
S'il vous plaît, de robe de chambre.
Le Roi goûte cet avis-là :
On écorche, on taille, on démembre
Messire Loup. Le Monarque en soupa,
Et de sa peau s'enveloppa ;
Messieurs les courtisans, cessez de vous détruire :
Faites si vous pouvez votre cour sans vous nuire.
Le mal se rend chez vous au quadruple du bien.
Les daubeurs ont leur tour d'une ou d'autre manière :
Vous êtes dans une carrière
Où l'on ne se pardonne rien.

Source : www.la-fontaine-ch-thierry.net

Jun 30, 202102:07
Les Exercices - Le Lion, Le Loup et le Renard - Jean de La Fontaine

Les Exercices - Le Lion, Le Loup et le Renard - Jean de La Fontaine

"Les Exercices" de La Fontaine & Cie : des épisodes dont vous êtes le héros !

Pendant une heure, nous entrons ensemble dans le texte pour en construire votre interprétation personnelle.

De longs temps de silence pour vous permettre, stylo en main, de composer votre lecture business, mais surtout personnelle, du texte à l'étude.

Ici, Le Lion, le Loup et le Renard (VIII,3) de Jean de La Fontaine

La Fontaine nous invite à réfléchir sur la place et le rôle de chacun dans notre capacité à délibérer en équipe. C'est mordant !

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Le Lion, le Loup et le Renard, de Jean de La Fontaine.

Un Lion décrépit, goutteux, n'en pouvant plus,
Voulait que l'on trouvât remède à la vieillesse :
Alléguer l'impossible aux Rois, c'est un abus.
Celui-ci parmi chaque espèce
Manda des Médecins ; il en est de tous arts :
Médecins au Lion viennent de toutes parts ;
De tous côtés lui vient des donneurs de recettes.
Dans les visites qui sont faites,
Le Renard se dispense, et se tient clos et coi.
Le Loup en fait sa cour, daube au coucher du Roi
Son camarade absent ; le Prince tout à l'heure
Veut qu'on aille enfumer Renard dans sa demeure,
Qu'on le fasse venir. Il vient, est présenté ;
Et, sachant que le Loup lui faisait cette affaire :
Je crains, Sire, dit-il, qu'un rapport peu sincère,
Ne m'ait à mépris imputé
D'avoir différé cet hommage ;
Mais j'étais en pèlerinage ;
Et m'acquittais d'un voeu fait pour votre santé.
Même j'ai vu dans mon voyage
Gens experts et savants ; leur ai dit la langueur
Dont votre Majesté craint à bon droit la suite.
Vous ne manquez que de chaleur :
Le long âge en vous l'a détruite :
D'un Loup écorché vif appliquez-vous la peau
Toute chaude et toute fumante ;
Le secret sans doute en est beau
Pour la nature défaillante.
Messire Loup vous servira,
S'il vous plaît, de robe de chambre.
Le Roi goûte cet avis-là :
On écorche, on taille, on démembre
Messire Loup. Le Monarque en soupa,
Et de sa peau s'enveloppa ;
Messieurs les courtisans, cessez de vous détruire :
Faites si vous pouvez votre cour sans vous nuire.
Le mal se rend chez vous au quadruple du bien.
Les daubeurs ont leur tour d'une ou d'autre manière :
Vous êtes dans une carrière
Où l'on ne se pardonne rien.

Source : www.la-fontaine-ch-thierry.net

Jun 30, 202101:07:23
Les Exercices - Le Berger et son troupeau - Jean de La Fontaine

Les Exercices - Le Berger et son troupeau - Jean de La Fontaine

"Les Exercices" de La Fontaine & Cie : des épisodes dont vous êtes le héros !

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Ici, Le Berger et son troupeau (IX,19) de Jean de La Fontaine

On retrouve le berger Guillot qui cherche à construire la cohésion de l'équipe et sa gestion des périls !

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Le Berger et son troupeau

Jean de La Fontaine, Livre IX, fable 19

« Quoi ? toujours il me manquera
            Quelqu'un de ce peuple imbécile !
            Toujours le loup m'en gobera !
J'aurai beau les compter! Ils étaient plus de mille.
Et m'ont laissé ravir notre pauvre Robin ;
            Robin mouton qui, par la ville
            Me suivait pour un peu de pain,
Et qui m'aurait suivi jusques au bout du monde.
Hélas! de ma musette il entendait le son ;
Il me sentait venir de cent pas à la ronde.
            Ah! le pauvre Robin mouton ! »
Quand Guillot eut fini cette oraison funèbre,
Et rendu de Robin la mémoire célèbre,
            Il harangua tout le troupeau,
Les chefs, la multitude, et jusqu'au moindre agneau.
            Les conjurant de tenir ferme :
Cela seul suffirait pour écarter les loups.
Foi de peuple d'honneur, ils lui promirent tous
            De ne bouger non plus qu'un terme. 
« Nous voulons, dirent-ils, étouffer le glouton
            Qui nous a pris Robin mouton. »
            Chacun en répond sur sa tête.
            Guillot les crut et leur fit fête.
            Cependant, devant qu'il fût nuit,
            Il arriva nouvel encombre.
        Un loup parut : tout le troupeau s'enfuit.
Ce n'était pas un loup, ce n'en était que l'ombre.
            Haranguez de méchants soldats :
            Ils promettent de faire rage ;
Mais, au moindre danger, adieu tout le courage ;
Votre exemple et vos cris ne les retiendront pas.

Jun 23, 202101:03:29
Le Berger et son troupeau - - Lecture seule - Jean de La Fontaine

Le Berger et son troupeau - - Lecture seule - Jean de La Fontaine

Le Berger et son troupeau

Jean de La Fontaine, Livre IX, fable 19

« Quoi ? toujours il me manquera
            Quelqu'un de ce peuple imbécile !
            Toujours le loup m'en gobera !
J'aurai beau les compter! Ils étaient plus de mille.
Et m'ont laissé ravir notre pauvre Robin ;
            Robin mouton qui, par la ville
            Me suivait pour un peu de pain,
Et qui m'aurait suivi jusques au bout du monde.
Hélas! de ma musette il entendait le son ;
Il me sentait venir de cent pas à la ronde.
            Ah! le pauvre Robin mouton ! »
Quand Guillot eut fini cette oraison funèbre,
Et rendu de Robin la mémoire célèbre,
            Il harangua tout le troupeau,
Les chefs, la multitude, et jusqu'au moindre agneau.
            Les conjurant de tenir ferme :
Cela seul suffirait pour écarter les loups.
Foi de peuple d'honneur, ils lui promirent tous
            De ne bouger non plus qu'un terme. 
« Nous voulons, dirent-ils, étouffer le glouton
            Qui nous a pris Robin mouton. »
            Chacun en répond sur sa tête.
            Guillot les crut et leur fit fête.
            Cependant, devant qu'il fût nuit,
            Il arriva nouvel encombre.
        Un loup parut : tout le troupeau s'enfuit.
Ce n'était pas un loup, ce n'en était que l'ombre.
            Haranguez de méchants soldats :
            Ils promettent de faire rage ;
Mais, au moindre danger, adieu tout le courage ;
Votre exemple et vos cris ne les retiendront pas.

Jun 23, 202101:23
Le Loup devenu berger - Lecture seule - Jean de La Fontaine

Le Loup devenu berger - Lecture seule - Jean de La Fontaine

Le Loup devenu berger

Livre III, Fable III - Jean de La Fontaine

Un Loup qui commençait d’avoir petite part
Aux brebis de son voisinage,
Crut qu’il fallait s’aider de la peau du renard
Et faire un nouveau personnage.
Il s’habille en berger, endosse un hoqueton,
Fait sa houlette d’un bâton,
Sans oublier la cornemuse.
Pour pousser jusqu’au bout la ruse,
Il aurait volontiers écrit sur son chapeau :
C’est moi qui suis Guillot berger de ce troupeau.
Sa personne étant ainsi faite
Et ses pieds de devant posés sur sa houlette,
Guillot le sycophante approche doucement.
Guillot le vrai Guillot étendu sur l’herbette,
Dormait alors profondément.
Son chien dormait aussi, comme aussi sa musette.
La plupart des brebis dormaient pareillement.
L’hypocrite les laissa faire,
Et pour pouvoir mener vers son fort les brebis
Il voulut ajouter la parole aux habits,
Chose qu’il croyait nécessaire.
Mais cela gâta son affaire,
Il ne put du pasteur contrefaire la voix.
Le ton dont il parla fit retentir les bois,
Et découvrit tout le mystère.
Chacun se réveille à ce son,
Les brebis, le chien, le garçon.
Le pauvre loup dans cet esclandre,
Empêché par son hoqueton,
Ne put ni fuir ni se défendre.

Toujours par quelque endroit fourbes se laissent prendre.
Quiconque est loup, agisse en loup ;
C’est le plus certain de beaucoup.

Jun 16, 202101:26
Les Exercices - Le Loup devenu berger - La Fontaine

Les Exercices - Le Loup devenu berger - La Fontaine

"Les Exercices" de La Fontaine & Cie : des épisodes dont vous êtes le héros !

Pendant une heure, nous entrons ensemble dans le texte pour en construire votre interprétation personnelle.

De longs temps de silence pour vous permettre, stylo en main, de composer votre lecture business, mais surtout personnelle, du texte à l'étude.

Ici, Le Loup devenu berger (III,3) de Jean de La Fontaine

Un loup de manque pas de courage entrepreneurial mais son audace se transforme en cauchemar. Pourquoi ?

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Le Loup devenu berger

Livre III, Fable III


Un Loup qui commençait d’avoir petite part
Aux brebis de son voisinage,
Crut qu’il fallait s’aider de la peau du renard
Et faire un nouveau personnage.
Il s’habille en berger, endosse un hoqueton,
Fait sa houlette d’un bâton,
Sans oublier la cornemuse.
Pour pousser jusqu’au bout la ruse,
Il aurait volontiers écrit sur son chapeau :
C’est moi qui suis Guillot berger de ce troupeau.
Sa personne étant ainsi faite
Et ses pieds de devant posés sur sa houlette,
Guillot le sycophante approche doucement.
Guillot le vrai Guillot étendu sur l’herbette,
Dormait alors profondément.
Son chien dormait aussi, comme aussi sa musette.
La plupart des brebis dormaient pareillement.
L’hypocrite les laissa faire,
Et pour pouvoir mener vers son fort les brebis
Il voulut ajouter la parole aux habits,
Chose qu’il croyait nécessaire.
Mais cela gâta son affaire,
Il ne put du pasteur contrefaire la voix.
Le ton dont il parla fit retentir les bois,
Et découvrit tout le mystère.
Chacun se réveille à ce son,
Les brebis, le chien, le garçon.
Le pauvre loup dans cet esclandre,
Empêché par son hoqueton,
Ne put ni fuir ni se défendre.

Toujours par quelque endroit fourbes se laissent prendre.
Quiconque est loup, agisse en loup ;
C’est le plus certain de beaucoup.

Jun 16, 202101:02:04
Dom Juan - extrait - Molière - Lecture seule

Dom Juan - extrait - Molière - Lecture seule

Dom Juan, de Molière

Acte I, scène 2.

DOM JUAN.- Quoi qu’il en soit, je ne puis refuser mon cœur à tout ce que je vois d’aimable, et dès qu’un beau visage me le demande, si j’en avais dix mille, je les donnerais tous. Les inclinations naissantes après tout, ont des charmes inexplicables, et tout le plaisir de l’amour est dans le changement. On goûte une douceur extrême à réduire par cent hommages le cœur d’une jeune beauté, à voir de jour en jour les petits progrès qu’on y fait ; à combattre par des transports, par des larmes, et des soupirs, l’innocente pudeur d’une âme, qui a peine à rendre les armes, à forcer pied à pied toutes les petites résistances qu’elle nous oppose, à vaincre les scrupules, dont elle se fait un honneur, et la mener doucement, où nous avons envie de la faire venir. Mais lorsqu’on en est maître une fois, il n’y a plus rien à dire, ni rien à souhaiter, tout le beau de la passion est fini, et nous nous endormons dans la tranquillité d’un tel amour ; si quelque objet nouveau ne vient réveiller nos désirs, et présenter à notre cœur les charmes attrayants d’une conquête à faire. Enfin, il n’est rien de si doux, que de triompher de la résistance d’une belle personne ; et j’ai sur ce sujet l’ambition des conquérants, qui volent perpétuellement de victoire en victoire, et ne peuvent se résoudre à borner leurs souhaits. Il n’est rien qui puisse arrêter l’impétuosité de mes désirs, je me sens un cœur à aimer toute la terre ; et comme Alexandre, je souhaiterais qu’il y eût d’autres mondes, pour y pouvoir étendre mes conquêtes amoureuses.

SGANARELLE.- Vertu de ma vie, comme vous débitez ; il semble que vous ayez appris cela par cœur, et vous parlez tout comme un livre.

DOM JUAN.- Qu’as-tu à dire là-dessus ?

SGANARELLE.- Ma foi, j’ai à dire, je ne sais que dire ; car vous tournez les choses d’une manière, qu’il semble que vous avez raison, et cependant il est vrai que vous ne l’avez pas. J’avais les plus belles pensées du monde, et vos discours m’ont brouillé tout cela ; laissez faire, une autre fois je mettrai mes raisonnements par écrit, pour disputer avec vous.

Source : toutmoliere.net

Jun 09, 202102:30
Les Exercices - Dom Juan - Molière

Les Exercices - Dom Juan - Molière

"Les Exercices" de La Fontaine & Cie : des épisodes dont vous êtes le héros !

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Ici, un extrait de Dom Juan, de Molière

Pour la première fois, nous abordons le registre du théâtre sur La Fontaine & Cie, et un "fragment du discours amoureux" de surcroît ! 

Très étonnamment, les enseignements pour nos quotidiens en entreprise sont légions !

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Dom Juan, de Molière

Acte I, scène 2.

DOM JUAN.- Quoi qu’il en soit, je ne puis refuser mon cœur à tout ce que je vois d’aimable, et dès qu’un beau visage me le demande, si j’en avais dix mille, je les donnerais tous. Les inclinations naissantes après tout, ont des charmes inexplicables, et tout le plaisir de l’amour est dans le changement. On goûte une douceur extrême à réduire par cent hommages le cœur d’une jeune beauté, à voir de jour en jour les petits progrès qu’on y fait ; à combattre par des transports, par des larmes, et des soupirs, l’innocente pudeur d’une âme, qui a peine à rendre les armes, à forcer pied à pied toutes les petites résistances qu’elle nous oppose, à vaincre les scrupules, dont elle se fait un honneur, et la mener doucement, où nous avons envie de la faire venir. Mais lorsqu’on en est maître une fois, il n’y a plus rien à dire, ni rien à souhaiter, tout le beau de la passion est fini, et nous nous endormons dans la tranquillité d’un tel amour ; si quelque objet nouveau ne vient réveiller nos désirs, et présenter à notre cœur les charmes attrayants d’une conquête à faire. Enfin, il n’est rien de si doux, que de triompher de la résistance d’une belle personne ; et j’ai sur ce sujet l’ambition des conquérants, qui volent perpétuellement de victoire en victoire, et ne peuvent se résoudre à borner leurs souhaits. Il n’est rien qui puisse arrêter l’impétuosité de mes désirs, je me sens un cœur à aimer toute la terre ; et comme Alexandre, je souhaiterais qu’il y eût d’autres mondes, pour y pouvoir étendre mes conquêtes amoureuses.

SGANARELLE.- Vertu de ma vie, comme vous débitez ; il semble que vous ayez appris cela par cœur, et vous parlez tout comme un livre.

DOM JUAN.- Qu’as-tu à dire là-dessus ?

SGANARELLE.- Ma foi, j’ai à dire, je ne sais que dire ; car vous tournez les choses d’une manière, qu’il semble que vous avez raison, et cependant il est vrai que vous ne l’avez pas. J’avais les plus belles pensées du monde, et vos discours m’ont brouillé tout cela ; laissez faire, une autre fois je mettrai mes raisonnements par écrit, pour disputer avec vous.

Source : toutmoliere.net

Jun 09, 202101:06:19
Les Exercices - "Le Renard ayant la queue coupée" - Jean de La Fontaine

Les Exercices - "Le Renard ayant la queue coupée" - Jean de La Fontaine

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Ici, Le Renard ayant la queue coupée, de Jean de La Fontaine !

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Le Renard ayant la queue coupée

Livre V, fable V.

----

Un vieux Renard, mais des plus fins,

Grand croqueur de Poulets, grand preneur de Lapins,

Sentant son Renard d'une lieue,

Fut enfin au piège attrapé.

Par grand hasard en étant échappé,

Non pas franc, car pour gage il y laissa sa queue:

S'étant, dis-je, sauvé sans queue, et tout honteux,

Pour avoir des pareils (comme il était habile),

Un jour que les Renards tenaient conseil entre eux:

Que faisons-nous, dit-il, de ce poids inutile,

Et qui va balayant tous les sentiers fangeux?

Que nous sert cette queue? Il faut qu'on se la coupe:

Si l'on me croit, chacun s'y résoudra.

- Votre avis est fort bon, dit quelqu'un de la troupe;

Mais tournez-vous, de grâce, et l'on vous répondra.

A ces mots, il se fit une telle huée,

Que le pauvre écourté ne put être entendu.

Prétendre ôter la queue eût été temps perdu;

La mode en fut continuée.

Jun 02, 202101:01:35
Le Renard ayant la queue coupée - lecture seule - Jean de La Fontaine

Le Renard ayant la queue coupée - lecture seule - Jean de La Fontaine

Le Renard ayant la queue coupée

Livre V, Fable V

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Un vieux Renard, mais des plus fins,

Grand croqueur de Poulets, grand preneur de Lapins,

Sentant son Renard d'une lieue,

Fut enfin au piège attrapé.

Par grand hasard en étant échappé,

Non pas franc, car pour gage il y laissa sa queue:

S'étant, dis-je, sauvé sans queue, et tout honteux,

Pour avoir des pareils (comme il était habile),

Un jour que les Renards tenaient conseil entre eux:

Que faisons-nous, dit-il, de ce poids inutile,

Et qui va balayant tous les sentiers fangeux?

Que nous sert cette queue? Il faut qu'on se la coupe:

Si l'on me croit, chacun s'y résoudra.

- Votre avis est fort bon, dit quelqu'un de la troupe;

Mais tournez-vous, de grâce, et l'on vous répondra.

A ces mots, il se fit une telle huée,

Que le pauvre écourté ne put être entendu.

Prétendre ôter la queue eût été temps perdu;

La mode en fut continuée.

Jun 02, 202101:02
Les Exercices - "Le Cerf se voyant dans l'eau", de Jean de La Fontaine

Les Exercices - "Le Cerf se voyant dans l'eau", de Jean de La Fontaine

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Le Cerf se voyant dans l'eau

Livre VI Fable VIII

Dans le cristal d’une Fontaine
Un Cerf se mirant autrefois,
Louait la beauté de son bois,
Et ne pouvait qu’avecque peine
Souffrir ses jambes de fuseaux,
Dont il voyait l’objet se perdre dans les eaux.
« Quelle proportion de mes pieds à ma tête !
Disait-il en voyant leur ombre avec douleur :
Des taillis les plus hauts mon front atteint le faîte ;
Mes pieds ne me font point d’honneur. »
Tout en parlant de la sorte,
Un Limier le fait partir ;
Il tâche à se garantir ;
Dans les Forêts il s’emporte.
Son bois, dommageable ornement,
L’arrêtant à chaque moment,
Nuit à l’office que lui rendent
Ses pieds, de qui ses jours dépendent.
Il se dédit alors, et maudit les présents
Que le Ciel lui fait tous les ans.

Nous faisons cas du Beau, nous méprisons l’Utile ;
Et le Beau souvent nous détruit.
Ce Cerf blâme ses pieds qui le rendent agile ;
Il estime un bois qui lui nuit.

May 26, 202101:01:57
Le Cerf se voyant dans l'eau - lecture seule - Jean de La Fontaine

Le Cerf se voyant dans l'eau - lecture seule - Jean de La Fontaine

Le Cerf se voyant dans l'eau

Livre VI, Fable IX

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Dans le cristal d’une Fontaine
Un Cerf se mirant autrefois,
Louait la beauté de son bois,
Et ne pouvait qu’avecque peine
Souffrir ses jambes de fuseaux,
Dont il voyait l’objet se perdre dans les eaux.
« Quelle proportion de mes pieds à ma tête !
Disait-il en voyant leur ombre avec douleur :
Des taillis les plus hauts mon front atteint le faîte ;
Mes pieds ne me font point d’honneur. »
Tout en parlant de la sorte,
Un Limier le fait partir ;
Il tâche à se garantir ;
Dans les Forêts il s’emporte.
Son bois, dommageable ornement,
L’arrêtant à chaque moment,
Nuit à l’office que lui rendent
Ses pieds, de qui ses jours dépendent.
Il se dédit alors, et maudit les présents
Que le Ciel lui fait tous les ans.

Nous faisons cas du Beau, nous méprisons l’Utile ;
Et le Beau souvent nous détruit.
Ce Cerf blâme ses pieds qui le rendent agile ;
Il estime un bois qui lui nuit.

May 25, 202100:59
#12 - Vendre - Les conseils de Jean de La Fontaine (Le Singe et le Léopard)

#12 - Vendre - Les conseils de Jean de La Fontaine (Le Singe et le Léopard)

Voici une fable qui nous plonge immédiatement dans la place de marché !

Dès les premiers vers, il est bien question de commerce.

Et le fait est que La Fontaine nous donne des conseils opérationnels pour développer nos ventes.

Et il nous coache pour surmonter tout syndrôme de l'imposteur quand vient le moment de vendre !

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Le Singe et le Léopard

Livre IX, Fable III

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Le Singe avec le Léopard
Gagnaient de l'argent à la foire :
Ils affichaient chacun à part.
L'un d'eux disait : Messieurs, mon mérite et ma gloire
Sont connus en bon lieu ; le Roi m'a voulu voir ;
Et, si je meurs, il veut avoir
Un manchon de ma peau ; tant elle est bigarrée,
Pleine de taches, marquetée,
Et vergetée, et mouchetée.
La bigarrure plaît ; partant chacun le vit.
Mais ce fut bientôt fait, bientôt chacun sortit.
Le Singe de sa part disait : Venez de grâce,
Venez, Messieurs. Je fais cent tours de passe-passe.
Cette diversité dont on vous parle tant,
Mon voisin Léopard l'a sur soi seulement ;
Moi, je l'ai dans l'esprit : votre serviteur Gille,
Cousin et gendre de Bertrand,
Singe du Pape en son vivant,
Tout fraîchement en cette ville
Arrive en trois bateaux exprès pour vous parler ;
Car il parle, on l'entend ; il sait danser, baller,
Faire des tours de toute sorte,
Passer en des cerceaux ; et le tout pour six blancs !
Non, Messieurs, pour un sou ; si vous n'êtes contents,
Nous rendrons à chacun son argent à la porte.
Le Singe avait raison : ce n'est pas sur l'habit
Que la diversité me plaît, c'est dans l'esprit :
L'une fournit toujours des choses agréables ;
L'autre en moins d'un moment lasse les regardants.
Oh ! que de grands seigneurs, au Léopard semblables,
N'ont que l'habit pour tous talents !

May 24, 202123:05
Les Exercices - Le Singe et le Léopard, de Jean de La Fontaine

Les Exercices - Le Singe et le Léopard, de Jean de La Fontaine

"Les Exercices" de La Fontaine & Cie : des épisodes dont vous êtes le héros !

Pendant une heure, nous entrons ensemble dans le texte pour en construire une interprétation personnelle.

De longs temps de silence pour vous permettre, stylo en main, de composer votre lecture business, mais surtout personnelle, du texte à l'étude.

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Le Singe et le Léopard

Livre IX, Fable III

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Le Singe avec le Léopard
Gagnaient de l'argent à la foire :
Ils affichaient chacun à part.
L'un d'eux disait : Messieurs, mon mérite et ma gloire
Sont connus en bon lieu ; le Roi m'a voulu voir ;
Et, si je meurs, il veut avoir
Un manchon de ma peau ; tant elle est bigarrée,
Pleine de taches, marquetée,
Et vergetée, et mouchetée.
La bigarrure plaît ; partant chacun le vit.
Mais ce fut bientôt fait, bientôt chacun sortit.
Le Singe de sa part disait : Venez de grâce,
Venez, Messieurs. Je fais cent tours de passe-passe.
Cette diversité dont on vous parle tant,
Mon voisin Léopard l'a sur soi seulement ;
Moi, je l'ai dans l'esprit : votre serviteur Gille,
Cousin et gendre de Bertrand,
Singe du Pape en son vivant,
Tout fraîchement en cette ville
Arrive en trois bateaux exprès pour vous parler ;
Car il parle, on l'entend ; il sait danser, baller,
Faire des tours de toute sorte,
Passer en des cerceaux ; et le tout pour six blancs !
Non, Messieurs, pour un sou ; si vous n'êtes contents,
Nous rendrons à chacun son argent à la porte.
Le Singe avait raison : ce n'est pas sur l'habit
Que la diversité me plaît, c'est dans l'esprit :
L'une fournit toujours des choses agréables ;
L'autre en moins d'un moment lasse les regardants.
Oh ! que de grands seigneurs, au Léopard semblables,
N'ont que l'habit pour tous talents !

May 19, 202101:08:02
Le Singe et le Léopard - Lecture seule - Jean de La Fontaine

Le Singe et le Léopard - Lecture seule - Jean de La Fontaine

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Chaque semaine, un texte classique, des conseils pro et une citation à caser en réunion, sans parler des bonus exclusifs !

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Le Singe et le Léopard

Livre IX, Fable III

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Le Singe avec le Léopard
Gagnaient de l’argent à la foire :
Ils affichaient chacun à part.
L’un d’eux disait : Messieurs, mon mérite et ma gloire
Sont connus en bon lieu ; le Roi m’a voulu voir ;
Et, si je meurs, il veut avoir
Un manchon de ma peau ; tant elle est bigarrée,
Pleine de taches, marquetée,
Et vergetée, et mouchetée.
La bigarrure plaît ; partant chacun le vit.
Mais ce fut bientôt fait, bientôt chacun sortit.
Le Singe de sa part disait : Venez de grâce,
Venez, Messieurs. Je fais cent tours de passe-passe.
Cette diversité dont on vous parle tant,
Mon voisin Léopard l’a sur soi seulement ;
Moi, je l’ai dans l’esprit : votre serviteur Gille,
Cousin et gendre de Bertrand,
Singe du Pape en son vivant,
Tout fraîchement en cette ville
Arrive en trois bateaux exprès pour vous parler ;
Car il parle, on l’entend ; il sait danser, baller,
Faire des tours de toute sorte,
Passer en des cerceaux ; et le tout pour six blancs !
Non, Messieurs, pour un sou ; si vous n’êtes contents,
Nous rendrons à chacun son argent à la porte.
Le Singe avait raison : ce n’est pas sur l’habit
Que la diversité me plaît, c’est dans l’esprit :
L’une fournit toujours des choses agréables ;
L’autre en moins d’un moment lasse les regardants.
Oh ! que de grands seigneurs, au Léopard semblables,
N’ont que l’habit pour tous talents !

May 17, 202101:20
#11 - Trouver sa place dans l'équipe - Les conseils de Jean de La Fontaine (Le Lion et l'Âne chassant)

#11 - Trouver sa place dans l'équipe - Les conseils de Jean de La Fontaine (Le Lion et l'Âne chassant)

L'Âne est un peu le bouc émissaire dans cette histoire.

Il s'en prend plein la mâchoire, alors que nous sommes tous un peu responsables de l'affaire.

La Fontaine nous invite à prendre notre part et notre véritable rôle dans l'équipe.

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LE LION ET L’ÂNE CHASSANT

Livre II, Fable XIX

La Fable

Le roi des animaux se mit un jour en tête
De giboyer. Il célébrait sa fête.
Le gibier du Lion, ce ne sont pas moineaux,
Mais beaux et bons Sangliers, Daims et Cerfs bons et beaux.
Pour réussir dans cette affaire,
Il se servit du ministère
De l’Âne à la voix de Stentor.
L’Âne à Messer Lion fit office de Cor.
Le Lion le posta, le couvrit de ramée,
Lui commanda de braire, assuré qu’à ce son
Les moins intimidés fuiraient de leur maison.
Leur troupe n’était pas encore accoutumée
À la tempête de sa voix ;
L’air en retentissait d’un bruit épouvantable ;
La frayeur saisissait les hôtes de ces bois.
Tous fuyaient, tous tombaient au piège inévitable
Où les attendait le Lion.
N’ai-je pas bien servi dans cette occasion ?
Dit l’Âne, en se donnant tout l’honneur de la chasse.
– Oui, reprit le Lion, c’est bravement crié :
Si je connaissais ta personne et ta race,
J’en serais moi-même effrayé.
L’Âne, s’il eût osé, se fût mis en colère,
Encor qu’on le raillât avec juste raison :
Car qui pourrait souffrir un Âne fanfaron ?

May 14, 202120:47
Le Lion et l'Âne chassant - Lecture seule - Jean de La Fontaine

Le Lion et l'Âne chassant - Lecture seule - Jean de La Fontaine

Le Lion et l'Âne sachant

Livre II, Fable XIX

Lecture de la fable

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Le roi des animaux se mit un jour en tête
De giboyer. Il célébrait sa fête.
Le gibier du Lion, ce ne sont pas moineaux,
Mais beaux et bons Sangliers, Daims et Cerfs bons et beaux.
Pour réussir dans cette affaire,
Il se servit du ministère
De l’Âne à la voix de Stentor.
L’Âne à Messer Lion fit office de Cor.
Le Lion le posta, le couvrit de ramée,
Lui commanda de braire, assuré qu’à ce son
Les moins intimidés fuiraient de leur maison.
Leur troupe n’était pas encore accoutumée
À la tempête de sa voix ;
L’air en retentissait d’un bruit épouvantable ;
La frayeur saisissait les hôtes de ces bois.
Tous fuyaient, tous tombaient au piège inévitable
Où les attendait le Lion.
N’ai-je pas bien servi dans cette occasion ?
Dit l’Âne, en se donnant tout l’honneur de la chasse.
– Oui, reprit le Lion, c’est bravement crié :
Si je connaissais ta personne et ta race,
J’en serais moi-même effrayé.
L’Âne, s’il eût osé, se fût mis en colère,
Encor qu’on le raillât avec juste raison :
Car qui pourrait souffrir un Âne fanfaron ?

May 12, 202101:16
#10 - La gestion des talents - Les conseils de Jean de La Fontaine (Le Lièvre et la Tortue)

#10 - La gestion des talents - Les conseils de Jean de La Fontaine (Le Lièvre et la Tortue)

"Le Lièvre et la Tortue", une fable sur la ponctualité, n'est-ce pas ?

En creusant un peu, et en confrontant le texte au quotidien en entreprise, on découvre un propos bien plus vaste de Jean de La Fontaine.

Il interroge notre regard sur les talents ("de quoi vous sert votre vitesse ?"), la motivation des personnes et le rôle de l'entrepreneur / du chef d'équipe

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Le Lièvre et la Tortue
Livre VI, Fable X

Rien ne sert de courir ; il faut partir à point.
Le lièvre et la tortue en sont un témoignage.
« Gageons, dit celle-ci, que vous n’atteindrez point
Sitôt que moi ce but. — Sitôt ? Êtes-vous sage ?
Repartit l’animal léger.
Ma commère, il vous faut purger
Avec quatre grains d’ellébore.
— Sage ou non, je parie encore. »
Ainsi fut fait : et de tous deux
On mit près du but les enjeux :
Savoir quoi, ce n’est pas l’affaire,
Ni de quel juge l’on convint.
Notre lièvre n’avait que quatre pas à faire ;
J’entends de ceux qu’il fait lorsque prêt d’être atteint
Il s’éloigne des chiens, les renvoie aux calendes,
Et leur fait arpenter les landes.
Ayant, dis-je, du temps de reste pour brouter,
Pour dormir, et pour écouter
D’où vient le vent, il laisse la tortue
Aller son train de sénateur.
Elle part, elle s’évertue;
Elle se hâte avec lenteur.
Lui cependant méprise une telle victoire,
Tient la gageure à peu de gloire,
Croit qu’il y va de son honneur
De partir tard. Il broute, il se repose,
Il s’amuse à toute autre chose
Qu’à la gageure. À la fin quand il vit
Que l’autre touchait presque au bout de la carrière,
Il partit comme un trait ; mais les élans qu’il fit
Furent vains : la Tortue arriva la première.
« Eh bien ! lui cria-t-elle, avais-je pas raison ?
De quoi vous sert votre vitesse ?
Moi, l’emporter ! et que serait-ce
Si vous portiez une maison ? »

May 04, 202121:22
#9 - Exploration / Exploitation : comment cheffer ? Les conseils de Jean DLF dans "L'oeil du Maître"

#9 - Exploration / Exploitation : comment cheffer ? Les conseils de Jean DLF dans "L'oeil du Maître"

Notre vie professionnelle nous amène tous à des situations inconfortables : on a parfois / souvent le sentiment d'être le torchon au milieu des serviettes.

Ici, c'est un cerf qui s'égare dans une étable bien gérée par un fermier.

N'allons pas trop vite en besogne : le Cerf aussi a des choses à nous dire, et le Fermier ne serait pas si édifiant sans ce Prince de la Forêt.

Gardons l'oeil ouvert !

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L’OEIL DU MAÎTRE

Livre IV, Fable XXI

La fable

« Un Cerf, s’étant sauvé dans une étable à bœufs,

Fut d’abord averti par eux

Qu’il cherchât un meilleur asile.

« Mes frères, leur dit-il, ne me décelez pas :

Je vous enseignerai les pâtis les plus gras ;

Ce service vous peut quelque jour être utile,

Et vous n’en aurez point regret. »

Les Bœufs, à toutes fins, promirent le secret.

Il se cache en un coin, respire et prend courage.

Sur le soir on apporte herbe fraîche et fourrage,

Comme l’on faisait tous les jours :

L’on va, l’on vient, les valets font cent tours,

L’intendant même ; et pas un, d’aventure,

N’aperçut ni cors, ni ramure,

Ni cerf enfin. L’habitant des forêts

Rend déjà grâce aux Bœufs, attend dans cette étable

Que, chacun retournant au travail de Cérès,

Il trouve pour sortir un moment favorable.

L’un des Bœufs ruminant lui dit : « Cela va bien ;

« Mais quoi ! l’homme aux cent yeux n’a pas fait sa revue.

Je crains fort pour toi sa venue ;

Jusque-là, pauvre Cerf, ne te vante de rien. »

Là-dessus le maître entre, et vient faire sa ronde.

« Qu’est ceci ? dit-il à son monde ;

Je trouve bien peu d’herbe en tous ces râteliers.

Cette litière est vieille ; allez vite aux greniers ;

Je veux voir désormais vos bêtes mieux soignées.

Que coûte-t-il d’ôter toutes ces araignées ?

Ne saurait-on ranger ces jougs et ces colliers ? »

En regardant à tout, il voit une autre tête

Que celles qu’il voyait d’ordinaire en ce lieu.

Le Cerf est reconnu : chacun prend un épieu ;

Chacun donne un coup à la bête :

Ses larmes ne sauraient la sauver du trépas.

On l’emporte, on la sale, on en fait maint repas,

Dont maint voisin s’éjouit d’être.

Phèdre sur ce sujet dit fort élégamment :

« Il n’est, pour voir, que l’œil du maître. »

Quant à moi, j’y mettrais encor l’œil de l’amant. »

Source : Gallica BNF.

Apr 23, 202125:60
#8 - Petit manuel pour survivre en entreprise - Les conseils de Jean de La Fontaine (Le Chien à qui on a coupé les oreilles)

#8 - Petit manuel pour survivre en entreprise - Les conseils de Jean de La Fontaine (Le Chien à qui on a coupé les oreilles)

Le monde est violent. 

Soit on sombre dans la violence, soit on suit les conseils de Jean DLF.

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Le Chien à qui on a coupé les oreilles
Livre X, Fable VIII

« Qu'ai-je fait pour me voir ainsi
Mutilé par mon propre Maître ?
Le bel état où me voici !
Devant les autres chiens oserai-je paraître ?
Ô rois des animaux, ou plutôt leurs tyrans,
Qui vous ferait choses pareilles ? »
Ainsi criait Mouflar, jeune dogue ; et les gens
Peu touchés de ses cris douloureux et perçants,
Venaient de lui couper sans pitié les oreilles.
Mouflar y croyait perdre. Il vit avec le temps
Qu'il y gagnait beaucoup ; car étant de nature
À piller ses pareils, mainte mésaventure
L'aurait fait retourner chez lui
Avec cette partie en cent lieues altérée :
Chien hargneux a toujours l'oreille déchirée.
Le moins qu'on peut laisser de prise aux dents d'autrui,
C'est le mieux. Quand on n'a qu'un endroit à défendre,
On le munit, de peur d'esclandre.
Témoin maître Mouflar armé d'un gorgerin,
Du reste ayant d'oreille autant que sur ma main ;
Un loup n'eût su par où le prendre. »

Apr 17, 202123:17
La Chauve-Souris, le Buisson et le Canard - Lecture seule - Jean de La Fontaine

La Chauve-Souris, le Buisson et le Canard - Lecture seule - Jean de La Fontaine

Livre XII, fable VII

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Le buisson, le canard et la chauve-souris,
Voyant tous trois qu’en leur pays
Ils faisaient petite fortune,
Vont trafiquer au loin, et font bourse commune.
Ils avaient des comptoirs, des facteurs, des agents
Non moins soigneux qu’intelligents,
Des registres exacts de mise et de recette.
Tout allait bien; quand leur emplette,
En passant par certains endroits,
Remplis d’écueils, et fort étroits,
Et de trajet très difficile,
Alla tout emballée au fond des magasins
Qui du Tartare sont voisins.
Notre trio poussa maint regret inutile;
Ou plutôt il n’en poussa point;
Le plus petit marchand est savant sur ce point
Pour sauver son crédit, il faut cacher sa perte.
Celle que, par malheur, nos gens avaient soufferte
Ne put se réparer le cas fut découvert.
Les voilà sans crédit, sans argent, sans ressource,
Prêts à porter le bonnet vert.
Aucun ne leur ouvrit sa bourse.
Et le sort principal, et les gros intérêts,
Et les sergents et les procès,
Et le créancier à la porte
Dès devant la pointe du jour,
N’occupaient le trio à chercher maint détour
Pour contenter cette cohorte.
Le buisson accrochait les passants à tous coups.
« Messieurs, leur disait-il, de grâce, apprenez-nous
En quel lieu sont les marchandises
Que certains gouffres nous ont prises.»
Le plongeon sous les eaux s’en allait les chercher.
L’oiseau chauve-souris n’osait plus approcher
Pendant le jour nulle demeure
Suivi de sergents à toute heure,
En des trous il s’allait cacher.

Je connais maint detteur qui n’est ni souris-chauve,
Ni buisson, ni canard, ni dans tel cas tombé,
Mais simple grand seigneur, qui tous les jours se sauve
Par un escalier dérobé.

Apr 06, 202102:03
#6 - Comment se bouger en comité de direction ? Les conseils de Jean de La Fontaine (L'hirondelle et les petits oiseaux)

#6 - Comment se bouger en comité de direction ? Les conseils de Jean de La Fontaine (L'hirondelle et les petits oiseaux)

On entreprend, on vole de ses propres ailes, on suit son instinct.

L'entreprise grandit, on devient un collectif, il faut rationnaliser.

Comment garder du mouvement et ne pas se figer ?

Les conseils de Jean de La Fontaine.

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« Une Hirondelle en ses voyages

Avait beaucoup appris. Quiconque a beaucoup vu

Peut avoir beaucoup retenu.

Celle-ci prévoyait jusqu’aux moindres orages,

Et, devant qu’ils fussent éclos,

Les annonçait aux matelots.

Il arriva qu’au temps que la chanvre se sème,

Elle vit un manant en couvrir maints sillons.

« Ceci ne me plaît pas, dit-elle aux oisillons :

Je vous plains ; car, pour moi, dans ce péril extrême,

Je saurai m’éloigner, ou vivre en quelque coin.

Voyez-vous cette main qui par les airs chemine ?

Un jour viendra, qui n’est pas loin,

Que ce qu’elle répand sera votre ruine.

De là naîtront engins à vous envelopper,

Et lacets pour vous attraper,

Enfin mainte et mainte machine

Qui causera dans la saison

Votre mort ou votre prison :

Gare la cage ou le chaudron !

C’est pourquoi, leur dit l’Hirondelle,

Mangez ce grain ; et croyez-moi. »

Les oiseaux se moquèrent d’elle :

Ils trouvaient aux champs trop de quoi.

Quand la chènevière fut verte,

L’Hirondelle leur dit : « Arrachez brin à brin

Ce qu’a produit ce maudit grain,

Ou soyez sûrs de votre perte.

– Prophète de malheur, babillarde, dit-on,

Le bel emploi que tu nous donnes !

Il nous faudrait mille personnes

Pour éplucher tout ce canton.

La chanvre étant tout à fait crue,

L’Hirondelle ajouta : « Ceci ne va pas bien ;

Mauvaise graine est tôt venue.

Mais, puisque jusqu’ici l’on ne m’a crue en rien,

Dès que vous verrez que la terre

Sera couverte, et qu’à leurs blés

Les gens n’étant plus occupés

Feront aux oisillons la guerre ;

Quand reginglettes et réseaux

Attraperont petits oiseaux,

Ne volez plus de place en place,

Demeurez au logis, ou changez de climat :

Imitez le Canard, la Grue, et la Bécasse.

Mais vous n’êtes pas en état

De passer, comme nous, les déserts et les ondes,

Ni d’aller chercher d’autres mondes :

C’est pourquoi vous n’avez qu’un parti qui soit sûr ;

C’est de vous renfermer aux trous de quelque mur. »

Les oisillons, las de l’entendre,

Se mirent à jaser aussi confusément

Que faisaient les Troyens quand la pauvre Cassandre

Ouvrait la bouche seulement.

Il en prit aux uns comme aux autres :

Maint oisillon se vit esclave retenu.

Nous n’écoutons d’instincts que ceux qui sont les nôtres,

Et ne croyons le mal que quand il est venu. »

Source : BNF Gallica

Apr 01, 202121:55
L'hirondelle et les petits oiseaux - Lecture seule - Jean de La Fontaine

L'hirondelle et les petits oiseaux - Lecture seule - Jean de La Fontaine

L'hirondelle et les petits oiseaux

Jean de La Fontaine

Livre I, Fable VIII

Mar 31, 202102:31
#5 - Comment faire le point (discernement et alignement) ? Les Conseils de Jean de La Fontaine (Le savetier et le financier)

#5 - Comment faire le point (discernement et alignement) ? Les Conseils de Jean de La Fontaine (Le savetier et le financier)

Dans cette fable, La Fontaine fait preuve d'une grande délicatesse en nous présentant un miroir pour nous aider à discerner et à comprendre notre posture en entreprise.

Il nous interroge sur notre rapport au travail, à l'argent et au monde.

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LE SAVETIER ET LE FINANCIER

LIVRE VIII, FABLE II

La fable

Un Savetier chantait du matin jusqu’au soir :
C’était merveilles de le voir,
Merveilles de l’ouïr ; il faisait des passages,
Plus content qu’aucun des sept sages.
Son voisin au contraire, étant tout cousu d’or,
Chantait peu, dormait moins encor.
C’était un homme de finance.
Si sur le point du jour parfois il sommeillait,
Le Savetier alors en chantant l’éveillait,
Et le Financier se plaignait,
Que les soins de la Providence
N’eussent pas au marché fait vendre le dormir,
Comme le manger et le boire.
En son hôtel il fait venir
Le chanteur, et lui dit : Or çà, sire Grégoire,
Que gagnez-vous par an ? – Par an ? Ma foi, Monsieur,
Dit avec un ton de rieur,
Le gaillard Savetier, ce n’est point ma manière
De compter de la sorte ; et je n’entasse guère
Un jour sur l’autre : il suffit qu’à la fin
J’attrape le bout de l’année :
Chaque jour amène son pain.
– Eh bien que gagnez-vous, dites-moi, par journée ?
– Tantôt plus, tantôt moins : le mal est que toujours ;
(Et sans cela nos gains seraient assez honnêtes,)
Le mal est que dans l’an s’entremêlent des jours
Qu’il faut chommer ; on nous ruine en Fêtes.
L’une fait tort à l’autre ; et Monsieur le Curé
De quelque nouveau Saint charge toujours son prône.
Le Financier riant de sa naïveté
Lui dit : Je vous veux mettre aujourd’hui sur le trône.
Prenez ces cent écus : gardez-les avec soin,
Pour vous en servir au besoin.
Le Savetier crut voir tout l’argent que la terre
Avait depuis plus de cent ans
Produit pour l’usage des gens.
Il retourne chez lui : dans sa cave il enserre
L’argent et sa joie à la fois.
Plus de chant ; il perdit la voix
Du moment qu’il gagna ce qui cause nos peines.
Le sommeil quitta son logis,
Il eut pour hôtes les soucis,
Les soupçons, les alarmes vaines.
Tout le jour il avait l’œil au guet ; Et la nuit,
Si quelque chat faisait du bruit,
Le chat prenait l’argent : À la fin le pauvre homme
S’en courut chez celui qu’il ne réveillait plus !
Rendez-moi, lui dit-il, mes chansons et mon somme,
Et reprenez vos cent écus.

Mar 24, 202119:30
Le savetier et le financier (fable seule) - Jean de La Fontaine

Le savetier et le financier (fable seule) - Jean de La Fontaine

Le savetier et le financier

Livre VIII, Fable II

Jean de La Fontaine.

Lecture uniquement


Mar 24, 202102:21
#4 - Comment être efficace ? Les Conseils de Jean de La Fontaine (Le chat et le renard)

#4 - Comment être efficace ? Les Conseils de Jean de La Fontaine (Le chat et le renard)

Jean de La Fontaine nous donne ici une leçon magistrale sur l'efficacité en entreprise.

Il nous rappelle d'abord les traits de l'inefficacité et comment la contrer.

Il nous illustre enfin les clés pour être réellement efficace.

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Le chat et le renard

« Le Chat et le Renard, comme beaux petits saints,

S’en allaient en pèlerinage.
C’étaient deux vrais Tartufs, deux archipatelins,
Deux francs Patte-pelus qui, des frais du voyage,
Croquant mainte volaille, escroquant maint fromage,
S’indemnisaient à qui mieux mieux.
Le chemin était long, et partant ennuyeux,
Pour l’accourcir ils disputèrent.
La dispute est d’un grand secours ;
Sans elle on dormirait toujours.
Nos pèlerins s’égosillèrent.
Ayant bien disputé, l’on parla du prochain.
Le Renard au Chat dit enfin :
Tu prétends être fort habile :
En sais-tu tant que moi ? J’ai cent ruses au sac.
– Non, dit l’autre : je n’ai qu’un tour dans mon bissac,
Mais je soutiens qu’il en vaut mille.
Eux de recommencer la dispute à l’envi,
Sur le que si, que non, tous deux étant ainsi,
Une meute apaisa la noise.
Le Chat dit au Renard : Fouille en ton sac, ami :
Cherche en ta cervelle matoise
Un stratagème sûr. Pour moi, voici le mien.
À ces mots sur un arbre il grimpa bel et bien.
L’autre fit cent tours inutiles,
Entra dans cent terriers, mit cent fois en défaut
Tous les confrères de Brifaut.
Partout il tenta des asiles,
Et ce fut partout sans succès :
La fumée y pourvut, ainsi que les bassets.
Au sortir d’un Terrier, deux chiens aux pieds agiles
L’étranglèrent du premier bond.
Le trop d’expédients peut gâter une affaire ;
On perd du temps au choix, on tente, on veut tout faire.
N’en ayons qu’un, mais qu’il soit bon."

Mar 23, 202114:25
#3 - Comment vaincre la peur d'entreprendre ? Les Conseils de Jean de La Fontaine (L'ours et les deux compagnons)

#3 - Comment vaincre la peur d'entreprendre ? Les Conseils de Jean de La Fontaine (L'ours et les deux compagnons)

Dans "L'ours et les deux compagnons" (V,20), Jean de La Fontaine dévoile sa méthode de vente et nous donne quatre conseils pour affronter nos peurs quand on est entrepreneur.

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L'ours et les deux compagnons

"Deux Compagnons pressés d’argent
À leur voisin Fourreur vendirent
La peau d’un Ours encor vivant,
Mais qu’ils tueraient bientôt, du moins à ce qu’ils dirent.
C’était le Roi des Ours au conte de ces gens.
Le Marchand à sa peau devait faire fortune :
Elle garantirait des froids les plus cuisants ;
On en pourrait fourrer plutôt deux robes qu’une.
Dindenaut prisait moins ses Moutons qu’eux leur Ours :
Leur, à leur compte, et non à celui de la Bête.
S’offrant de la livrer au plus tard dans deux jours,
Ils conviennent de prix, et se mettent en quête ;
Trouvent l’Ours qui s’avance, et vient vers eux au trot.
Voilà mes Gens frappés comme d’un coup de foudre.
Le marché ne tint pas ; il fallut le résoudre :
D’intérêts contre l’Ours, on n’en dit pas un mot.
L’un des deux Compagnons grimpe au faîte d’un arbre ;
L’autre, plus froid que n’est un marbre,
Se couche sur le nez, fait le mort, tient son vent ;
Ayant quelque part ouï dire
Que l’Ours s’acharne peu souvent
Sur un corps qui ne vit, ne meut, ni ne respire.
Seigneur Ours, comme un sot, donna dans ce panneau.
Il voit ce corps gisant, le croit privé de vie,
Et de peur de supercherie
Le tourne, le retourne, approche son museau,
Flaire aux passages de l’haleine.
« C’est, dit-il, un Cadavre : ôtons-nous, car il sent. »
À ces mots, l’Ours s’en va dans la Forêt prochaine.
L’un de nos deux Marchands de son arbre descend ;
Court à son Compagnon, lui dit que c’est merveille
Qu’il n’ait eu seulement que la peur pour tout mal.
« Eh bien, ajouta-t-il, la peau de l’Animal ?
Mais que t’a-t-il dit à l’oreille ?
Car il s’approchait de bien près,
Te retournant avec sa serre.
— Il m’a dit qu’il ne faut jamais
Vendre la peau de l’Ours qu’on ne l’ait mis par terre."


Mar 17, 202126:30
#2 - Comment gérer son temps ? Les Conseils de Jean de La Fontaine (Le Héron)

#2 - Comment gérer son temps ? Les Conseils de Jean de La Fontaine (Le Héron)

Quatre conseils de Jean de La Fontaine dans sa fable "Le Héron" (VII, 4) autour de la gestion du temps : Pas de procrastination / Pas de sur-sophistication / Vision & opérations / Adaptation "La Fontaine & Cie" en format newsletter hebdomadaire, c'est >>> ICI <<< ------ Le Héron Un jour sur ses longs pieds allait je ne sais où Le Héron au long bec emmanché d’un long cou. Il côtoyait une rivière. L’onde était transparente ainsi qu’aux plus beaux jours ; Ma commère la Carpe y faisait mille tours Avec le Brochet son compère. Le Héron en eût fait aisément son profit : Tous approchaient du bord, l’Oiseau n’avait qu’à prendre ; Mais il crut mieux faire d’attendre Qu’il eût un peu plus d’appétit. Il vivait de régime, et mangeait à ses heures. Après quelques moments l’appétit vint ; l’Oiseau S’approchant du bord vit sur l’eau Des Tanches qui sortaient du fond de ces demeures. Le mets ne lui plut pas ; il s’attendait à mieux, Et montrait un goût dédaigneux Comme le Rat du bon Horace. Moi des Tanches ? dit-il, moi Héron que je fasse Une si pauvre chère ? Et pour qui me prend-on ? La Tanche rebutée, il trouva du Goujon. Du Goujon ! c’est bien là le dîné d’un Héron ! J’ouvrirais pour si peu le bec ! aux Dieux ne plaise ! Il l’ouvrit pour bien moins : tout alla de façon Qu’il ne vit plus aucun Poisson. La faim le prit ; il fut tout heureux et tout aise De rencontrer un Limaçon. Ne soyons pas si difficiles : Les plus accommodants, ce sont les plus habiles : On hasarde de perdre en voulant trop gagner. Gardez-vous de rien dédaigner ; Surtout quand vous avez à peu près votre compte. Bien des gens y sont pris ; ce n’est pas aux Hérons Que je parle ; écoutez, humains, un autre conte ; Vous verrez que chez vous j’ai puisé ces leçons. La Fille Certaine Fille, un peu trop fière Prétendait trouver un mari Jeune, bien fait, et beau, d'agréable manière, Point froid et point jaloux ; notez ces deux points-ci. Cette Fille voulait aussi Qu'il eût du bien, de la naissance, De l'esprit, enfin tout ; mais qui peut tout avoir ? Le destin se montra soigneux de la pourvoir : Il vint des partis d'importance. La Belle les trouva trop chétifs de moitié : Quoi moi ? quoi ces gens-là ? l'on radote, je pense. A moi les proposer ! hélas ils font pitié . Voyez un peu la belle espèce ! L'un n'avait en l'esprit nulle délicatesse ; L'autre avait le nez fait de cette façon-là ; C'était ceci, c'était cela, C'était tout ; car les précieuses Font dessus tout les dédaigneuses. Après les bons partis les médiocres gens Vinrent se mettre sur les rangs. Elle de se moquer. Ah vraiment, je suis bonne De leur ouvrir la porte : ils pensent que je suis Fort en peine de ma personne. Grâce à Dieu je passe les nuits Sans chagrin, quoique en solitude. La Belle se sut gré de tous ces sentiments. L'âge la fit déchoir ; adieu tous les amants. Un an se passe et deux avec inquiétude. Le chagrin vient ensuite : elle sent chaque jour Déloger quelques Ris, quelques Jeux, puis l'Amour ; Puis ses traits choquer et déplaire ; Puis cent sortes de fards. Ses soins ne purent faire Qu'elle échappât au Temps, cet insigne larron : Les ruines d'une maison  Se peuvent réparer : que n'est cet avantage Pour les ruines du visage ! Sa préciosité changea lors de langage. Son miroir lui disait : Prenez vite un mari. Je ne sais quel désir le lui disait aussi ; Le désir peut loger chez une précieuse. Celle-ci fit un choix qu'on n'aurait jamais cru, Se trouvant à la fin tout aise et tout heureuse De rencontrer un malotru.
Mar 15, 202110:09
#1 - Comment innover ? Les conseils de Jean de La Fontaine (Les Poissons et le Cormoran)

#1 - Comment innover ? Les conseils de Jean de La Fontaine (Les Poissons et le Cormoran)

Jean de La Fontaine nous donne quatre conseils pour innover en entreprise derrière la morale d'abord un peu tristouille de sa fable "Les poissons et le cormoran" (Livre X, Fable III). 

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"Il n’était point d’étang dans tout le voisinage
Qu’un Cormoran n’eût mis à contribution.
Viviers et réservoirs lui payaient pension.
Sa cuisine allait bien : mais, lorsque le long âge
Eut glacé le pauvre animal,
La même cuisine alla mal.
Tout Cormoran se sert de pourvoyeur lui-même.
Le nôtre, un peu trop vieux pour voir au fond des eaux,
N’ayant ni filets ni réseaux,
Souffrait une disette extrême.
Que fit-il ? Le besoin, docteur en stratagème,
Lui fournit celui-ci. Sur le bord d’un Étang
Cormoran vit une Écrevisse.
Ma commère, dit-il, allez tout à l’instant
Porter un avis important
À ce peuple. Il faut qu’il périsse :
Le maître de ce lieu dans huit jours pêchera.
L’Écrevisse en hâte s’en va
Conter le cas : grande est l’émute.
On court, on s’assemble, on députe
À l’Oiseau : Seigneur Cormoran,
D’où vous vient cet avis ? Quel est votre garand ?
Êtes-vous sûr de cette affaire ?
N’y savez-vous remède ? Et qu’est-il bon de faire ?
– Changer de lieu, dit-il. – Comment le ferons-nous ?
– N’en soyez point en soin : je vous porterai tous,
L’un après l’autre, en ma retraite.
Nul que Dieu seul et moi n’en connaît les chemins :
Il n’est demeure plus secrète.
Un Vivier que nature y creusa de ses mains,
Inconnu des traîtres humains,
Sauvera votre république.
On le crut. Le peuple aquatique
L’un après l’autre fut porté
Sous ce rocher peu fréquenté.
Là Cormoran le bon apôtre,
Les ayant mis en un endroit
Transparent, peu creux, fort étroit,
Vous les prenait sans peine, un jour l’un, un jour l’autre.
Il leur apprit à leurs dépens
Que l’on ne doit jamais avoir de confiance
En ceux qui sont mangeurs de gens.
Ils y perdirent peu, puisque l’humaine engeance
En aurait aussi bien croqué sa bonne part ;
Qu’importe qui vous mange ? homme ou loup ; toute panse
Me paraît une à cet égard ;
Un jour plus tôt, un jour plus tard,
Ce n’est pas grande différence."

Mar 11, 202110:16
#0 - Présentation de "La Fontaine & Cie, Le Podcast"

#0 - Présentation de "La Fontaine & Cie, Le Podcast"

Une courte présentation du podcast. Nous sommes en version Beta : n'hésitez pas à nous faire part de vos commentaires sur le site de La Fontaine & Cie ici ! Merci et à bientôt.
Mar 11, 202101:19