Décoloniser

Préparée de longue date par l'antiracisme institutionnel français, la stratégie de Durban est déployée contre la conférence de revue de 2009. Pendant cette conférence devait être examinée la mise en application par les pays des engagements contre le racisme de 2001.

A Genève en 2009, l’État français pour l'Europe, la LICRA, l'UEJF, Caroline Fourest et bien d'autres se posent en vrais défenseurs des Droits de l'homme contre des "dictatures" illégitimes à s'exprimer contre le racisme. Le président iranien est leur cible privilégiée : ils créent une mise en scène pendant son discours afin de servir un récit mensonger d'un incident antisémite. La presse française et occidentale reprend ce mensonge sans le vérifier ni y porter un regard critique.

Cette mascarade a plusieurs fonctions : empêcher que ces conférences contre le racisme atteignent leur but, couvrir Israël inconditionnellement, empêcher que l'islamophobie soit reconnue comme un racisme, censurer les ONG véritables de lutte contre le racisme. Plus largement, ces manœuvres servent à protéger le système raciste de suprématie blanche.

#LKP #Gwadloup2009 #PIR #DurbanCR #Durban #Durban2 #FSQP

En 2008 le gouvernement Sarkozy lance le Plan Espoir Banlieues, qui peine à satisfaire les associations. 

Celles-ci se réunissent dans l'année dans un nouveau Forum Social des Quartiers Populaires où faire entendre la parole des habitants des banlieues. En parallèle, ses organisateurs mènent avec la gauche radicale une campagne contre les brutalités policières qui en 2008 ont encore causé la mort de nombreux hommes. 

Côté politique, les Indigènes de la république avancent dans la construction d'un parti indigène autonome ancré dans les luttes et capable d'engager un rapport de force politique. Ce parti est construit comme espace d’organisation autonome de tous ceux qui veulent s’engager dans le combat contre les inégalités raciales. Rapidement, il essuie des attaques de la part du ministre Hortefeux et d'organisations de défense d'Israël

Pendant que les Gazaouis essuient une nouvelle attaque meurtrière de la part de l'Etat occupant, l'antiracisme institutionnel français commence sa campagne de délégitimation de Durban 2. 

#Gaza2008 #AiméCésaire #PIR #DurbanCR #Durban #Durban2 #Banlieues

Alors que se préparent les élections présidentielles puis municipales, les mouvements de l'immigration abordent ces campagnes de manières différentes : AC le Feu offre de faire campagne pour les candidats qui acceptent de prendre en compte la parole des habitants, le MIR demande clairement en quoi ces échéances nous concernent et refuse le piège du vote utile, certains militants du MIB font campagne avec José Bové quand d'autres préfèrent se concentrer sur l'organisation d'un mouvement autonome. L'organisation du FSQP est d'ailleurs une étape vers la construction de ce grand mouvement des banlieues. Cet évènement, organisé avec le soutien des collectivités locales, réunit militants et alliés à Saint-Denis.

Nicolas Sarkozy emporte la mise. D'un côté il propulse à des ministères importants des figures de la diversité, de l'autre il réaffirme de plusieurs manières que la France est une nation blanche et chrétienne habitée des Français de souche... Et des autres. 

Quant à la LICRA, elle monte au front pour convaincre le gouvernement français de prendre parti d'Israël dans la préparation de Durban 2. 

La révolte des banlieues de 2005 a été sévèrement réprimée. Elle a eu le mérite d'imposer le débat politique sur les inégalités subies par les habitants des quartiers populaires. Beaucoup se refusent à en reconnaître le caractère politique, c'est pourquoi les organisations de l'immigration se mobilisent pour l'amnistie des révoltés et pour que soit débattue politiquement la condition des habitants des quartiers populaires. Leurs analyses et leurs stratégies divergent : certains prônent l'organisation autonome des victimes du racisme, d'autres l'organisation autonome des habitants des banlieues et des victimes d'inégalités sociales. D'autres encore s'investissent sur le terrain électoral pour que les banlieues existent dans les campagnes municipales et présidentielles qui approchent. Parmi eux, apparaissent des associations comme AC Le Feu ou Devoir de Mémoire qui souhaitent se faire le relais des revendications des banlieues.

L'année de 2006 est très intense sur les questions de race : instrumentalisation du meurtre sordide d'Ilan Halimi, campagnes pour le Darfour, appel de Clairvaux, 10 ans du MIB, caricatures du prophètes, affaire Redeker, Konvwa pou Reparasyon, etc. Le climat raciste intense déclenche une multitude de luttes de l'immigration aux formes, discours et analyses politiques variées.

#Racisme #RévoltésdeNovembre #Redeker #Banlieues #ACLeFeu

L'appel des indigènes de la république de janvier 2005 met sur la table la question postcoloniale. Celle-ci sera omniprésente tout au long de l'année, à travers la loi de février 2005 qui propose d'enseigner les aspects de la colonisation, la polémique contre les ratonnades anti-blancs, les accusations de communautarisme qui ciblent ce mouvement naissant, ou le rapport Bénisti qui lie immigration et délinquance.

Cet appel rencontre un grand succès et les assises organisées par ses initiateurs donnent naissance au premier mouvement autonome de l'immigration. Ce mouvement, qui dénonce l'existence de deux statuts politiques inégaux dans la république française, réunit 8000 personnes à Paris le 8 mai 2005 pour une grande marche antiraciste et anticolonialiste. Par l'organisation et la production théorique, les Indigènes de la république se donnent pour but de décoloniser la république.

Dans un cadre institutionnel, les chercheurs de l'ACHAC posent aussi cette question postcoloniale avec l'ouvrage La fracture coloniale. En réunissant experts et scientifiques, ils cherchent à concilier les mémoires fracturées dans une France qu'ils voient métissée.

L'année 2005 est aussi le point culminant de la colère des banlieues envers l’État. L'électrocution de trois jeunes poursuivis par la police, avec la mort de deux d'entre eux, et l'attaque d'une mosquée déclenchent une révolte des banlieues inédite par son ampleur et par sa durée. Ce sont les discriminations racistes quotidiennes qui alimentent cette colère. Sarkozy l'a attisée par son mépris et ses provocations répétées. Elles entraîneront une forte répression de la jeunesse mais aussi le déversement d'argent supplémentaire dans la politique de la ville. Des initiatives citoyennes naîtront dans le sillage de cette colère, comme AC le Feu ou Banlieue 69.

#Racisme #Révoltes2005 #Postcolonial

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En 2004 se prépare la loi pour l'interdiction des signes religieux à l'école. Cette loi fait l'unanimité à droite comme à gauche et les discours et actes islamophobes se banalisent.

Face à cela, différents réseaux s'organisent, pour qu'existe une voix musulmane qui s'oppose à cette loi injuste. Mais aussi une voix unitaire : ce sont les organisations de gauche, les syndicats et les associations musulmanes réunis dans le collectif Une école pour tous et toutes.

Une ligne fracture les organisations de gauche et les empêche de se positionner. C'est la ligne portée par Caroline Fourest et Fiammetta Venner ou les NPNS et qui assimile le voile à l'oppression des femmes. Ces divisions apparaîtront de manière flagrante le jour de la marche du 8 mars. Le Collectif Féministe pour l’Égalité naîtra suite à cette journée chaotique.

En réaction à ces mobilisations contre l'islamophobie, l'antiracisme institutionnel se manifeste. Il s'érige en défenseur de la laïcité, de la république et de l'universalisme face au communautarisme, à la haine et l'islamisme. Il est rejoint par quelques native informants.

#Islamophobied’Etat #Racisme #Voile

2003 est une année intense en France. L’actualité du racisme est riche et offre beaucoup de clés pour comprendre ce qui se passe en ce moment autour de l’accusation d’islamo-gauchisme.

On se trouve dans la séquence débutée avec la seconde Intifada. Le FSE doit se tenir à Paris et cet événement de gauche de grande envergure met un point d'honneur à être inclusif, dans le respect de la Charte de Porto Alegre. La présence de militants de l'immigration et de comités Palestine vaut au FSE des procès en antisémitisme : la manoeuvre échoue. Finalement, la participation de Tariq Ramadan déclenche une polémique disproportionnée. Les acteurs de l'antiracisme institutionnel se mobilisent pour tenter de marginaliser les soutiens de la Palestine dans le mouvement social. Eux aussi échouent et l'événement réunit 50 000 personnes venues de toutes l'Europe.

Dans le même temps, les débats sur le voile sont d'une intensité délirante. Les Ni Putes Ni Soumises ouvrent la brêche en libérant une parole islamophobe qui stigmatise les hommes maghrébins et la culture musulmane. C'est aussi la période où Nicolas Sarkozy se mêle de faire élire une représentation française de l'Islam. D'abord conciliant sur le voile et avec l'UOIF dont il reconnaît la légitimité, il est forcé par sa majorité de durcir sa position. Accueilli au Congrès du Bourget, il emploie un ton paternaliste qui pousse les parties dans leurs retranchements. La polémique du voile s'enflamme, elle n'a jamais dégonflé depuis et montre un champ politique unanimement contre. La commission Stasi est nommée, Jack Lang planche sur une loi pour interdire les signes religieux à l'école. Pourtant les quelques cas qui émergent dans les écoles se règlent relativement bien.

La question politique du voile vire à l'hystérie médiatique. De nombreux acteurs s'affrontent par textes interposés. Le camps féministe se fracture. Et deux lycéennes se retrouvent jetées en pâture aux médias : autour de leur vêtement le pays se déchire. Au delà de leur combat, émergent plusieurs mobilisations contre la voilophobie.

L'acteur marquant de l'année 2003 demeure Tariq Ramadan : il se mobilise sans relâche sur les terrains du voile, de la représentation des Musulmans, des procès en Nouvel antisémitisme et de la convergence avec la gauche. Et médiatiquement il est le représentant des Musulmans, c'est pourquoi Sarkozy veut débattre avec lui. Dans ce contexte, Caroline Fourest va délaisser son militantisme pro-homo pour consacrer le gros de son énergie à combattre les deux épouvantails de la France : le voile et Tariq Ramadan.

En 2002, l'évènement marquant pour le mouvement social est la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour des présidentielles. Les mobilisations pour faire barrage à Le Pen sont massives. Les regards se tournent alors vers la banlieue et son vivier de voix abstentionnistes. Les organisations de l'immigration se voient sommées de se positionner. Si certaines suivent, habituées à suivre l'agenda du mouvement social, d'autres résistent à la pression, convaincues qu'elles ne recevront rien en retour. 

La suite leur donnera raison : Chirac ne se sent redevable de rien et nomme Sarkozy à l'Intérieur. Cela ouvre une séquence où la France est obsédée par la violence des banlieues et des classes défavorisées et réclame toujours plus de répression contre la jeunesse d'origine immigrée. Les lois Sarkozy et Perben entraînent une escalade de tension entre le pays et cette jeunesse traitée d'illégitime.

Deux phénomènes "antiracistes" renforceront cette stigmatisation des banlieues et des Musulmans : 

- le mouvement Ni Putes Ni Soumises qui naît début 2002 mais s'installe vraiment par l'instrumentalisation de l'assassinat de la jeune Sohane à Vitry. Il cible l'homme arabe, la famille et la communauté et reçoit des soutiens larges de tous bords politiques.

- le mouvement pour la reconnaissance de la nouvelle judéophobie, porté par P.A. Taguieff, Alain Finkielkraut, Elisabeth Lévy, la LICRA, l'UEJF, le CRIF, etc. Il a pour ambition de criminaliser toute critique d'Israël et, plus largement, de la modernité et de l'Occident. Ce mouvement obtient la loi Lellouche qui validera la thèse d'un antisémitisme français en inflation et condamnera sévèrement tout acte antisémite (ou raciste).  

Au même moment, la compétence de P.A. Taguieff en matière d'antisémitisme est contestée par des associations lyonnaises engagées depuis plusieurs années dans le combat contre le révisionnisme et le négationnisme dans les facultés. 

Enfin, 3000 militants contre la double peine se réunissent à Paris après que Sarkozy a ouvert une brèche laissant espérer la fin de cette pratique inhumaine. 

2001 année municipale, les Motivé-e-s attirent l'attention de la presse avec leur initiative qui rompt avec les pratiques politiques traditionnelles. Tentant de créer un réseau national de listes alternatives, ces listes réunissent novices et militants de gauche qui cherchent à rompre avec les pratiques des partis qui transforment la municipalité en citadelle. En appliquant leur savoir-faire évènementiel à cette campagne municipale, les Zebda-Tactikollectif emportent l'adhésion des votants et des médias.

Sur le terrain antiraciste, la deuxième Intifada déclenche des affrontements politiques aigus à l'intérieur de la France. L'antiracisme institutionnel revient de la Conférence de Durban aguerri. Quand surviennent les attentats du 11/9, ses militants déploient l'arme politique du "Nouvel antisémitisme" qui tournera à la prophétie auto-réalisatrice.

#Racisme #Israel #Municipales2001

En 2000 la campagne unitaire "une peine point barre" contribue à normaliser la revendication de suppression de la double peine.

Cette même année, le Mouvement de l'immigration et des Banlieues participe à de nombreuses mobilisations pour le droit de vote des étrangers, contre l'antilibéralisme, en soutien aux détenus séropositifs. Il zappe aussi les Assises de la Citoyenneté, grande messe durant laquelle Jospin annonce des mesures inédites contre les discriminations en esquivant les revendications des jeunes en matière de double-peine, contrôle au faciès et droits politiques.

Après la mort de Riad Hamlaoui, paix à son âme, l'Intérieur examine enfin le bien-fondé d'armer ses policiers de Manhurins au lieu de pistolets. Cette année restera celle où les quartiers de Lille ont crié leur colère.

Alors que va s'ouvrir un marathon électoral de deux ans, les Zebda-Tactikollectif se lancent dans l'aventure des municipales. Cette initiative attire l'attention dans le champ politique blanc où le dégoût du politique règne.

Enfin, l'explosion de la seconde Intifada déclenche des protestations dans le monde entier. En France comme aux USA, l'arme du "nouvel antisémitisme" vise à museler ces soutiens. Norman Finkelstein intervient dans ce débat en dénonçant "l'Industrie de l'Holocauste".

#NouvelAntisémitisme #Banlieues #Zebda #MIB #Discriminations #Larzac #Tactikollectif

En 1999 la France est obsédée par la violence des jeunes dans les banlieues. Elle fait semblant d'en ignorer les sources, et elle nie sa propre violence. Des mouvements comme SOS ou Stop la violence tentent d'exploiter politiquement ce problème sans chercher à le résoudre.

Dans le Lyonnais, un mère de famille entame une grève de la faim contre la double peine. Elle veut montrer qu'au-delà des double-peine, ce sont des familles entières qui sont touchées par ces injustices. Malgré un large soutien, sa lutte ne recevra que du mépris de la part du gouvernement socialiste et du président Chirac. La France continue de se mettre hors la loi sur la question.

Du côté des luttes de l'immigration, le MIB zappe les événements de la politique de la ville et manifeste à l'occasion des procès pour des morts de la police, le Tactikollectif s'engage plus avant en politique en s'inscrivant dans une tradition d'extrême-gauche.

Prise en étau entre l'Union Européenne qui lui impose des règlements et les Nations Unies qui vont évoluer son action contre le racisme à la Conférence de 2001, la France s'attèle à créer des machins contre le racisme, qui ne protègent dans les faits que les intérêts blancs et sionistes.

#Racisme #DoublePeine #WCAR #Banlieues

Préoccupée par son besoin de démontrer mondialement qu'elle est le phare de la lutte contre le racisme, la France commémore bruyamment les 150 ans de l'abolition de l'esclavage. Les afro-descendants organisent une grande marche nationale pour lui rappeler que la déportation et la mise en esclavage de leurs aïeux était un crime contre l'humanité, que ce crime mérite réparation. Lors d'une grand marche nationale, ils rendent un hommage digne à la mémoire et aux combats de leurs aînés, grands oubliés des cérémonies officielles.

Pendant ce temps, les double peine de Lyon, constatant que l’État n'a pas tenu les promesses données fin 97, entament une nouvelle grève de la faim. Pendant 51 jours, ces hommes vont mener une lutte acharnée pour que l’État mette fin à la double-peine. Les multiples formes de soutiens et solidarités qui vont se manifester seront déterminantes : au 51e jour, ils signeront un accord avec l’État pour la résolution de tous leurs dossiers. Et leur lutte fera comprendre, nationalement, que la double-peine bafoue la constitution et l'égalité républicaine.

Enfin, c'est en 1998 que Habib dit Pipo mourra des mains de la police à Toulouse, paix à son âme. Toulouse s'embrasera plusieurs jours puis 3 jeunes du Mirail s'organiseront de manière autonome pour transformer cette colère en revendication. Ils découvriront quel accueil l’État, les institutions et le monde associatif réservent aux luttes autonomes.

#Racisme #LoiTaubira #Marche1998 #DoublePeine #Pipo #Emeutes #Toulouse

En 1997, les Nations Unies votent l'organisation en 2001 d'une grande conférence mondiale contre le racisme. L'impact de cette conférence sur la question raciste en France est méconnue. Elle est pourtant réelle pour tout ce qui concerne le sionisme, l'esclavage et l'islamophobie. A partir de cet épisode, ce sera donc un fil rouge abordé en détail régulièrement.

1997 est une année où les manifestations contre la répression de l'immigration sont nombreuses : pour protester contre les lois Pasqua-Debré et contre le FN. Certains allient le culturel à lutte politique : les Vitécri à Toulouse qui deviennent des acteurs culturels en fondant le Tactikollectif ou les cinéastes qui appellent à la désobéissance civile. Mais aussi Madj d'Assassins, Jean-François Richet et le producteur Spirit, qui s'associent pour produire 11'30 contre les lois racistes, auquel participeront les rappeurs les plus talentueux de l'époque et dont les recettes seront reversées à la lutte.

En cette année 1997 où les mobilisations de gauche contre l'extrême-droite sont massives en début d'année, tout l'enjeu est de rester mobilisés malgré l'arrivée au gouvernement des socialistes. S'il est un ennemi moins flagrant, le parti socialiste reste l'ennemi historique des indigènes. Cela, les double-peine de Lyon en sont conscients, eux dont le projet de loi Chevènement bafoue encore les droits  : ils engagent une grève de la faim en décembre, qui leur fera décrocher un réexamen de leurs dossiers. 

#Double-Peine #Ma6TVaCrack-er #Racisme #WCAR #HipHopEngagé #Révoltes

A partir de mars 1996, des dizaines de sans-papiers organisent des occupations d’églises et des grèves de la faim pour obtenir des papiers. Ils choisissent ces lieux saints à cause du devoir chrétien d’hospitalité. Ils découvriront un monde chrétien divisé, entre d’un côté l’Église qui se range derrière l’État et de l’autre les fidèles qui soutiennent leurs luttes par le jeûne ou par l’ouverture de lieux de culte. Ces luttes acharnées n’obtiendront pas la résolution politique espérée : l’État délivre des papiers au compte-goutte et s’enferre dans le cas par cas. Cela reste un épisode majeur des luttes noires en France, où en réponse à la criminalisation qui les ciblait, ces étrangers ont rappelé avec dignité à la France son devoir devant l’histoire.

#SansPapier #NTM #Eglise #Racisme #DoublePeine #Banlieue

Aux États-Unis, 30 ans exactement après l'assassinat de Malcolm X, la Nation de l'Islam est florissante et réunit un million d'hommes Noirs lors d'une journée de boycott. 

En France, tout est prétexte à expulser des étrangers. La vague d'attentats et le déclenchement de Vigipirate aideront même l’État à ratisser le pays pour multiplier les expulsions. Les militants du CNDP se mobilisent pour assister les double-peine et alerter sur les dénis de droits dont ils font l'objet.

La France fait peu de cas de la situation algérienne ; ce qui la préoccupe c'est la présence d'une population d'origine algérienne sur son territoire, elle imagine qu'elle met en danger la nation. Quiconque n'est pas intégré est alors soupçonné d'intégrisme. La vague d'attentats sonnera comme une confirmation, bien que rien ne les relie aux banlieues qu'on accuse, à tort, d'avoir basculé dans l'islamisme. Les faits importent peu : la France fera exécuter publiquement Khaled Kelkal pour adresser un message aux banlieues. 

Dans le même temps, des militants fondent le MIB et dénoncent la chasse aux Arabes, le chantage à l'intégration, les assassinats dans les commissariats. Pour donner le change, le très médiatique nouveau ministre de la ville, Eric Raoult, parcourt les plateaux télé pour faire de la banlieue un sujet de salon dont on débat, faute d'agir.

#Banlieue #Attentats1995 #Racisme #Immigration #DoublePeine #Islamophobie

1994 est une année sombre qui voit se perpétrer le génocide des Tutsis au Rwanda, avec la complicité de l'Etat français. 

En France, le plan d'urgence pour la banlieue tarde à se concrétiser. Il ne reste plus que les émeutes pour rappeler à l'opinion publique que l'injustice règne, pour se loger, pour travailler, pour exister politiquement. 

Mais cela ne suffit pas car le Ministre de l'Intérieur occupe toute son énergie à crééer une panique raciste en assimilant la banlieue au trafic, au deal, à l'islamisme, à la destruction, au banditisme. Une fois la peur installée, le pays est prêt à tout céder à cette police que Pasqua choye. 

1993, avec la sortie de films comme Malcolm X et Menace II Society, marque le début de la mode urbaine qui mélange sport, esthétique, mode, rap, danse. Avec ses nouveaux héros – le sportif , le jeune du ghetto, le rappeur, elle déradicalise la lutte et la cantonne au divertissement. Pendant que les médias nous vendent ces nouveaux héros au discours très contrôlé, les véritables héros des luttes et leurs combats contre les crimes racistes, les lois sécuritaires et la double-peine tombent dans l’oubli.

La lutte contre la double-peine décroche des victoires : la grève de la faim coordonnée de plusieurs double-peine fait avancer la cause des grévistes, le ministère de l'intérieur est condamné à indemniser un expulsable et la CEDH reconnaît le droit d'un double-peine au respect « de sa vie privée et familiale".

Les formes d'engagement des militants de l'immigration se diversifient. Ceux-ci développent différents types de relations avec l'Etat qui est toujours à la recherche d'interlocuteurs pour cadrer la jeunesse, dont la colère face aux violences policières et racistes ne tombe pas.

#DoublePeine #Immigration #EtatDException

S'auto-investissant de la mission de défendre le droit international, les États-Unis mènent, à la tête d'une coalition, la tempête du Désert qui fait durablement  basculer l'Iraq dans la destruction et le chaos. Cette première Guerre du Golfe installe une lecture du monde qui domine encore aujourd'hui : celle de l'Occident défenseur du bien face à un Islam monstrueux, barbare et inhumain. Pour les nations blanches, toutes les exactions, toutes les prédations sont justifiées si elles se réclament de ce combat. La France participe pleinement à ces attaques impérialistes contre l'Iraq. Deux ans après l'affaire des foulards de Creil, cet évènement majeur crée en France une poussée islamophobe semblable à celle que nous traversons aujourd'hui. 

#Islamophobie #Impérialisme #Iraq #Racisme

L’aide au développement est un instrument pour exploiter des territoires aux dépens de la population et pour empêcher qu’elle gère ses affaires et s’organise pour plus de justice. La politique de la ville sert les mêmes desseins. Après les émeutes de Vaulx-en-Velin de 1990, l’État l’institutionnalise pour donner l’illusion de travailler sur les causes profondes de la colère des banlieues. C'est un leurre.

Crédits :

Pour gouverner une France où le chômage explose, les politiques criminalisent l'immigration. Ils en font une question politique de premier plan et présentent l'étranger comme une menace et l'immigration comme une vague envahissante. L'étranger, soumis à des règles administratives ahurissantes, risque l'expulsion ou le charter, même quand la France est le pays où il a grandi et construit toute sa vie. A cause des nombreuses vies qu'elles ont brisé, les lois Pasqua Debré restent de sinistre mémoire. 

Expulsion de 101 Maliens par charter, INA, Antenne 2, journal du 19/10/1986

Douleur "Charter au Mali"

Au lendemain de la marche, des militants contre le racisme s'engagent de manières variées : certains continuent la lutte contre les crimes policiers et racistes et tentent de s'organiser et de se fédérer, d'autres militent pour la co-existence, d'autres encore essaient de renouveler l'expérience de la marche. Des militants socialistes proches du pouvoir voient dans le succès  de 1983 un potentiel réservoir de vote. ils décident d'initier un mouvement apolitique qui accapare l'antiracisme, le vide de sa substance et représentent l'antiracisme dans le champs politique blanc. Cet outil doit surtout leur assurer la réelection en 1988, grâce au vote des jeunes et des descendants d'immigrés. En parallèle, ils continuent de construire, pierre par pierre, ce qu'ils appellent "Politique de la ville" et qui est, en vérité, la "Politique des quartiers". 

Avec le film Mignonnes sorti en 2020, la réalisatrice Maïmouna Doucouré a voulu dénoncer le fait que les fillettes en Occident subissent une pression pour grandir trop vite. Mettant en scène des fillettes de quartier, ce film coup de poing a reçu un bon accueil en France. Sa sortie aux Etats-Unis a par contre créé un tollé. Dans Décoloniser cette semaine, nous essayons de comprendre l'écart de traitement entre les deux pays et ce que ça révèles des deux sociétés. 

Crédits : 

Khalifa Ould Eide & Dimi Mint Abba - Sawt Elfan

Makaih Beats - Love Chances

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" On nous assassine, on nous provoque ! Que fait la justice ? "

Comment il y a bientôt 40 ans 15 jeunes Arabes des Minguettes ont eu l'idée d'une marche partant de Marseille et faisant étape dans 50 villes pour exiger : 

# le droit de vote des étrangers

# la réouverture de certains procès pour crimes racistes

# le désarmement des tontons flingueurs

# le règlement de la situation du logement

# la carte de séjour de 10 ans pour les travailleurs étrangers

# la possibilité pour les associations de lutte contre le racisme de se constituer partie civile dans des affaires judiciaires

Ils étaient portés par l'espoir que nous tous soyons traités à égalité par la police et la justice. 

#Racisme #Decolonial #Marche1983 #Immigration #DoublePeine

Au début des années 80, trois rapports sont commandés par les socialistes nouvellement au pouvoir. On y découvre les prémisses de ce qui deviendra la politique de la ville. Cette politique spécifique aux quartiers populaires est ce que la gauche invente pour empêcher que surviennent des révoltes. 

Avec le développement social des banlieues ou prévention de la délinquance, l’État se désinvestit, concentre son action sur des opérations limitées dans le temps et dans l'espace. Il n'intervient sur les quartiers que pour préserver la sécurité du pays. Ce n'est pas une action pour les quartiers, c'est une action sur les quartiers. 

Hannah Arendt nous a mis en garde contre la banalité du mal, « les routines par lesquelles ceux qui recourent à la violence, comme ceux qui en sont témoins, mettent en suspens leurs convictions morales et renoncent à l'examen de leur engagement pratique personnel » 

L'internement administratif n'est pas une pratiques obscure et définitivement passée. C' est une injustice actuelle, banale, familière qui aujourd'hui prend le nom d'assignation à résidence ou de centre de rétention. Ça nous est si familier qu'on en oublierait presque que ces traitements inhumains s'enracinent dans une histoire d'arbitraire, et de pratiques infâmes, aussi cachées que soigneusement élaborées. 

Qui oserait penser que l'égalité ou l'école sont à combattre ? Ça peut paraître choquant, présenté comme ça. 

Mais depuis sa création courant 18e à aujourd'hui, l'éducation nationale avec son idéal d'égalité a caché un projet moins reluisant : créer une communauté nationale homogène et définir qui en sera exclu. Cet épisode débute avec la création de l'école coloniale ouvertement injuste et destinée à rendre une jeunesse inculte et barbare. Et il se termine sur la création des ZEP, qui concentre dans des écoles ghetto une population dont l'Etat se désinvestit. Mais il n'y a aucune fatalité : pour combattre les hiérarchies de cette école inégalitaire, nous pouvons trouver dans la mémoire des luttes de nos aînés des enseignements précieux. Et comme eux, voir dans le combat pour l'éducation de la jeunesse un combat noble et essentiel.

1959-1980 

Si on se place du point de vue de l'Etat français, l'immigration non-blanche n'est pas une immigration d'hommes et de femmes, elle est une immigration de main d'oeuvre. Quand l'emploi se raréfie, cette présence est construite comme un problème.  Comment se débarrasser d'une population dont on n'a plus besoin ? En développant les politiques de contrôle-rétention-expulsion, avec un cadre de contrôles policiers plus large, avec la construction de centres de rétention, avec des politiques de retour, choisi ou forcé. Et en fermant les frontières, en traitant tout visiteur comme un potentiel fraudeur à l'immigration. 

Le problème n'est ainsi pas la société française, son incapacité d'empêcher le chômage de masse et de créer un sentiment d'unité dans la population aux origines variées.

Non, le problème c'est l'immigré et ses descendants, ce qu'ils sont. 

Et pour maintenir cette population non-blanche dans l'infériorité de droit, il suffit de fermer les yeux sur les actes de haine dont elle est victime tout en exagérant la gravité de ses "fautes" (chômage, délits). Le problème, désormais, c'est ce qu'est la jeunesse de l'immigration. De son assimilation dépend la réussite de la cohabitation. 

1914-1980

Pendant la première moitié du 20e siècle, la présence algérienne en métropole est soumise à un encadrement colonial : tous les aspects de la vie des indigènes sont prise en charge par des services spécialisés de L’État. Cela permet à L’État de contrôler ces populations, de les exploiter et les réprimer. La liberté de circulation dont ces populations bénéficient à partir de 1947 crée le "problème nord-africain" : une présence algérienne perçue comme dangereuse et indésirable. L'encadrement colonial, la construction de bidonvilles et une répression policière forte tentent de limiter cette présence que la population ne supporte pas. L'encadrement colonial des zones d'habitat indigène (bidonvilles et foyers de travailleurs immigrés) permet la surveillance et le contrôle de cette population. En 1948, L’État français créée l'illusion de l'inclusion :  la population algérienne de métropole passe d'indésirable à inadaptée. L’État va désormais mettre en place des politiques d'adaption de l'indigène à la société française. Et si ce dernier échoue à s'adapter, le motif pour l'exclure est tout trouvé. 

C'est comme ça que la France passe d'une politique d'encadrement colonial à des politiques d'accompagnement social des immigrés. Une logique persiste : la logique d'exception.

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Ce début d'année, Canal Plus a sorti la série Validé pour séduire un public jeune amateur de rap. Par son propos, cette série s'inscrit  clairement dans un projet, plus large, d'infiltration des musiques populaires auprès des indigènes. Cela est une des multiples facettes de la politique de dépolitisation de la jeunesse non-blanche engagée dans les années 80. Cette semaine dans Décoloniser, nous faisons un retour en arrière depuis les années 1980 pour essayer de comprendre les enjeux autour du divertissement des jeunes Noirs et Arabes de France.

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